Le congrès s’est tenu dans un contexte de crise grave, après le départ de la GA, et d’hémorragie militante. Par-delà la continuité du processus révolutionnaire en Tunisie et en Egypte (pour ne citer que les deux exemples les plus avancés dans un contexte international dominé par la crise du capitalisme), nous assistons en France, malgré la persistance de la crise du mouvement ouvrier, aux premiers signaux d’une remontée. Face à cela, les révolutionnaires devraient faire le pari de proposer une orientation pour la classe ouvrière et ses luttes, alternative à celle de la bureaucratie réformiste, pour faire converger les bagarres, pour tenter d’arracher de premières victoires et aider à la recomposition du monde du travail en tant que sujet hégémonique et révolutionnaire.
Mais le congrès a validé la courte majorité de la PX qui défend une politique opposée, axée sur la recherche permanente d’accords par le haut avec les réformistes du Front de Gauche (FG). Elle réitère l’objectif stratégique d’un gouvernement anti-austérité qui tranche dans un sens qui s’éloigne d’une stratégie révolutionnaire l’ambiguïté des principes fondateurs alors que le FG adopte également la perspective « d’imposer une alternative à l’austérité » dans le cadre de la « nouvelle étape ».
Quoi qu’en dise la PX, les formules de gouvernement défendues, sans aucun contenu de classe, n’ont d’autre but que préparer l’idée qu’il serait possible voire même souhaitable de constituer un gouvernement réformiste des anticapitalistes et des antilibéraux, et ce dans le cadre des institutions du régime capitaliste, plus ou moins bousculées. Le suivisme politique à l’égard du FG, reproduisant en plus petit ce que Mélenchon répète à plus large échelle, ne sera pas à même de sortir le parti de son impasse stratégique.
Cette dérive est le résultat d’un profond scepticisme à l’égard des potentialités du mouvement ouvrier, résultat d’une lecture erronée de la période que nous traversons, et par conséquent du programme à défendre et du type de parti à construire à la suite de la chute de l’URSS. Cela amène la PX à approfondir sa politique de recherche permanente de raccourcis, à travers l’occupation d’espaces médiatiques ou électoraux, la constitution de blocs politiques avec les réformistes, etc., à échelle nationale mais aussi internationale.
Mais la constitution de la courte majorité PX s’explique également en partie par la politique de la gauche du parti, rassemblée surtout autour de la PY. Bien qu’elle ait offert une certaine résistance aux tournants de la majorité, elle n’a pas choisi de présenter d’alternative globale à ce virage opportuniste. En effet, la PY, bien qu’ayant avancé des éléments de critique à l’absence de délimitation du NPA par rapport au réformisme, craint de préciser cette délimitation par rapport à des bases théoriques et politiques qui sont au fondement de la conception des « partis larges » qu’elle partage avec la majorité, des bases théorico-politiques qui ne nous ont pas permis de nous préparer à ce qu’ont représenté cinq années de crise capitaliste mais aussi une lente mais persistante remontée du mouvement ouvrier. Cela s’est notamment traduit par l’absence de déclaration politique de fin de Congrès de la PY.
Dans leur tribune parue sur le TEAN hebdo postérieur au Congrès les camarades font cependant un bilan plus serré, soulignant que la majorité « réadapte la politique de front permanent (…) avec le FG portée en son temps par la GA [ce qui est] une impasse ». Le parti devrait à l’inverse proposer « une politique qui commence par mettre en mouvement notre camp social sur des objectifs de lutte précis, qui propose de s’affronter au gouvernement, tout en avançant la question du pouvoir ». Sur ces bases, et dans un cadre qui nous permettrait de continuer à débattre de nos divergences stratégiques, nous sommes persuadés qu’il serait possible de constituer un front face à l’orientation de la majorité et surtout structurer en commun, pour l’ensemble du parti, un travail ambitieux en direction du monde du travail. Mais pour ce faire, il faudrait aussi en finir avec tout sectarisme à l’égard de la PZ, dont le CCR est partie prenante.
Les tentatives de regroupement au sein des secteurs avancés du monde du travail – avec la question de la convergence des luttes – et l’offensive patronale et gouvernementale font apparaître clairement la nécessité de défendre une politique et la perspective d’un regroupement des révolutionnaires sur de nouvelles bases si l’on veut être à la hauteur de la situation qui se prépare. o
Les délégué-e-s au congrès du Courant communiste révolutionnaire (CCR) – PZ