A notre avis, la majorité issue du congrès (PX) ne permettra pas de sortir notre parti de la crise. Les débats de fond, le bilan et les discussions concrètes sur notre intervention ont été évités. L’idéalisation des principes fondateurs et l’appel au rassemblement sur des formulations floues ont encore marché.Mais sur le fond, la dérive s’aggrave. La direction concentre son orientation sur l’« alternative politique » avec le Front de gauche et l’objectif d’un « gouvernement anti-austérité » qui ferait appel à l’Etat pour « diriger l’économie ». Cela revient à semer des illusions sur l’Etat capitaliste comme sur le FdG qui non seulement refuse de combattre le gouvernement, mais défend un programme antilibéral incapable de mettre fin à l’austérité, car cela est impossible sans sortir du capitalisme ! Cette ligne se retrouve aussi dans le soutien à peine critique à Syriza, le FdG grec. On comprend la satisfaction des camarades de la GA encore au NPA (NPA U), voire qui ont la double carte NPA/FdG !
Ce profil est hélas incompréhensible et paralysant. Incompréhensible pour celles et ceux qui ne voient pas la différence entre nous et le FdG. Paralysant pour les militantEs qui ont besoin d’un outil pour que les luttes gagnent enfin. On est loin d’un NPA qui redonne espoir, qui ose affirmer l’identité révolutionnaire ! On est loin d’un parti qui donne la priorité à la lutte des classes alors que la crise s’aggrave !
Dès les prochaines élections, le problème habituel va resurgir. Un texte voté en fin de congrès laisse librement la possibilité d’accords locaux avec le FdG. Nous regrettons que les camarades de la W aient proposé ce texte, conséquence de leur refus d’une orientation propre.
Nous partageons cependant avec la plateforme W la nécessité de faire le lien entre les luttes immédiates et notre projet de société, et de faire vivre le NPA démocratiquement, sans logique d’appareils. C’est pourquoi nous avons lutté avec ces camarades et d’autres pour faire respecter les votes des AG sur le fonctionnement. Mais la rotation des mandats a été revotée et les dirigeantEs X et Y, très opposés contrairement à la base, l’ont vidée de son intérêt : ils/elles resteront encore 8 ans, sans compter toutes les années précédentes…
En ce qui concerne la PY, nous avons pu vérifier l’accord fondamental entre nous : refus de la dérive et priorité à la lutte des classes. Nous saluons la volonté d’une « logique transitoire », mais nous ne la comprenons pas de la même façon puisque les camarades Y ne veulent pas articuler systématiquement les revendications immédiates à l’objectif du gouvernement des travailleurs et de la société socialiste. De plus, les camarades sous-estiment à notre avis l’importance du combat dans les syndicats, pour la constitution d’un courant antibureaucratique autour des équipes combatives. Cependant, nos larges accords devraient se traduire par la recherche commune d’un programme révolutionnaire d’intervention. C’est pourquoi nous avons tant insisté pour en discuter avant et pendant le congrès — malheureusement en vain.
Nous avons défendu jusqu’au bout le projet Z : pour un NPA révolutionnaire, internationaliste et démocratique, pour le communisme, un programme de transition axé sur le gouvernement des travailleurs, la construction en priorité dans la classe ouvrière, sans négliger les luttes écologistes, féministes, LGBTI.
Nous avons sans relâche cherché à peser sur les débats de façon constructive. Les camarades de la Y ont proposé au congrès une « feuille de route » pour les campagnes prioritaires (licenciements, NDDL, Mali…). Nous avons proposé un ajout sur la nécessité de construire un pôle alternatif aux directions syndicales et de mobiliser contre l’accord dit de « sécurisation de l’emploi ». Les camarades l’ont intégré et nous avons donc voté la « feuille de route ». Nous regrettons que cela n’ait pas été le cas d’une majorité (X, W, mais aussi CCR).
Sur la base de cette feuille de route et des points communs Y-Z, ainsi qu’avec les camarades W qui se reconnaissent dans les orientations Y ou Z, nous proposons d’ouvrir la discussion pour aller vers une grande tendance révolutionnaire utile au NPA et aux travailleurs/ses. Nous devrons discuter du fond car nous avons des divergences et cette tendance ne pourra être que pluraliste. Mais la priorité, si nous voulons construire le parti malgré l’obstacle de l’orientation majoritaire à ce stade, c’est de regrouper les partisanEs d’un NPA révolutionnaire, s’implanter ensemble dans la classe ouvrière en commençant par les secteurs les plus concentrés, prendre ensemble des initiatives pour avancer vers la convergence, impulser l’auto-organisation, combattre l’orientation des directions syndicales qui collaborent avec le gouvernement et constituer un pôle alternatif en s’appuyant sur les équipes combatives. o
Tendance CLAIRE et délégation Z de la Meuse