Sarkozy est le grand perdant du premier tour. Les électeurs ont marqué leur mécontentement vis-à-vis de politiques dont le centre de gravité est de protéger les riches et de présenter la facture aux classes moyennes et au précariat. C’est conforme à ce qui s’est produit aux élections générales dans d’autres pays d’Europe.
Cette sanction profite hélas en grande partie au FN qui réalise un des scores les plus élevés de son histoire. Sarkozy n’a pas réussi, comme en 2007, à siphonner ses voix. Pire même, l’extrême droitisation du discours des principaux leaders de l’UMP a fait le lit du FN en légitimant toujours plus ses thématiques, racistes, nationalistes et sécuritaires.
Le FN représente une menace à plus d’un titre. Une menace électorale directe aux prochaines législatives où les triangulaires risquent de se multiplier et certaines circonscriptions peuvent être conquises. Une menace durable tant le FN influence largement dans les couches populaires et tant sa dédiabolisation, plus que jamais en route, peut rompre le cordon sanitaire qui le séparait de la droite, favorisant des ralliements significatifs des déçus du sarkozysme, de militants et d’élus de droite.
La chasse aux voix du FN est lancée pour le second tour. Sarkozy emprunte des accents pétainistes et cherche à son tour à lancer une OPA sur le 1er Mai. Raison de plus pour en faire une grande démonstration de force de toute la gauche sociale et politique, un référendum contre Sarkozy-Le Pen !
Il faut infliger une raclée magistrale à Sarkozy le 6 mai. Le seul moyen de le faire, c’est de voter Hollande. Sans illusion, parce que le programme du PS annonce une version sociale-libérale de l’austérité. Mais sans hésitation non plus parce que le pire, la réélection de Sarkozy, n’est pas le meilleur pour les rapports de forces politiques et sociaux au lendemain de la présidentielle.
Toutes tendances confondues, la présidentielle de 2012 est un bon cru pour la gauche. La somme des résultats de ses candidats (43,5 %) est largement supérieure aux éditions de 1995, 2002 et 2007 et se rapproche sans l’atteindre de celles de 1981 et 1988 (respectivement 46,8 % et 45,3 %). Dans sa structure, sur le plan quantitatif comme qualitatif, cette édition est toutefois inédite. Le vote PS est un vote de raison plus que d’adhésion ou d’espoir. Et surtout, la gauche radicale présente un profil nouveau et un résultat historiquement très élevé. Le cumul des suffrages FdG, NPA et LO est supérieur de 1,3 million à celui de 2007 et même de 700 000 voix à celui de 2002*. Mais au sein de ce périmètre politique, le rapport de forces a largement évolué. LO et le NPA sont réduits à l’extrême marginalité et Mélenchon rafle la mise. La dynamique militante et électorale est l’apanage du Front de Gauche.
Le NPA ne peut continuer de l’ignorer. Il ne peut pas continuer une politique qui l’affaiblit et stérilise ses forces militantes. Il faut d’autant plus réorienter son combat que pour faire reculer la droite extrême, pour offrir une autre perspective à gauche que l’austérité, il faut qu’existe une gauche radicale influente et rassemblée, outil efficace pour les luttes et solide dans les urnes.
Le score de Mélenchon confirme l’élan politique et social, syndical et associatif qui a porté la campagne du Front de Gauche pendant ces derniers mois. C’est le reflet indiscutable des aspirations populaires à un changement radical et profond exprimé depuis décembre 1995 en passant par le rejet du TCE en 2005 et la bataille perdue des retraites en 2010.
La Gauche anticapitaliste affirme sa disponibilité à la recomposition politique aujourd’hui en cours, sur la base d’une stricte indépendance vis-à-vis du gouvernement socialiste, si Hollande est élu, et des politiques d’austérité qu’il mènera. Quelle est la position des courants qui composent l’actuelle majorité du NPA ?* 2002 : Hue (PCF), Laguiller (LO), Besancenot (LCR), Gluckstein (PT). 2007 : Buffet (PCF), Laguiller (LO), Besancenot (LCR), Bové (Gauche alternative)