Publié le Samedi 15 octobre 2011 à 12h33.

Tribune position B : Sortir de l’impuissance, se tourner vers l’extérieur !

Il y a un décalage substantiel entre la situation et les capacités d’expression et d’action du NPA.

Ainsi, alors que s’effectue sous nos yeux, avec l’accélération des crises économique et écologique, un véritable basculement du monde, alors que l’Union européenne vacille sur ces bases, que les politiques d’austérité redoublent, le NPA semble aphone.

Si aujourd’hui la question de la dette est bien la mère de toutes les batailles, elle est malheureusement encore très loin d’être gagnée idéologiquement. Le refus de payer la dette n’est pas devenu un mot d’ordre universel. La tentation est grande pour de nombreux travailleurs d’accepter le discours d’un François Hollande expliquant qu’il faudra se serrer un peu la ceinture. Pour desserrer l’étau, il ne suffit pas d’expliquer la crise. Il faut radicaliser et politiser le sentiment de révolte qu’alimentent les politiques d’austérité.

Dans un tel contexte, le cours suivi par la direction du NPA ne cesse de nous inquiéter. Pour se dispenser de la bataille politique concrète, de nombreux camarades considèrent comme acquis ce qu’il faut conquérir. Ils considèrent que la revendication d’audit n’est pas porteuse d’une remise en cause radicale du système, oubliant qu’elle met au cœur de la mobilisation l’idée que les salariéEs doivent reprendre les choses en main. Ils justifient ainsi leur refus de construire un large front de résistance. Ils nient les possibles convergences immédiates, fermant la possibilité de mettre les masses en mouvement, nous condamnant à l’inutilité...

Grâce à une bataille opiniâtre, la résolution du CPN a repoussé ces conceptions et repris l’articulation moratoire/audit/annulation défendue notamment par la position B. Mais il y a loin entre le texte voté et sa mise en œuvre !

Ainsi, le NPA n’est pas pour l’heure tourné vers l’extérieur. Ses propositions sont inaudibles. Le champ politique n’est pourtant pas un désert. Divers éléments – et notamment le succès des primaires du PS ! – témoignent au contraire d’une volonté de débattre, de rechercher des solutions face à la crise. Le débat politique généré sur cette question n’est plus cantonné ni aux sphères dirigeantes ni aux franges militantes. Mais le NPA est absent. Absent du débat sur la démondialisation, sur la nationalisation des banques. Trop peu audible sur la question du nucléaire. Absent du débat sur la démocratie, qui émerge avec force notamment du mouvement des « Indignés ». Nous devrions pourtant mettre au cœur de notre réflexion cette question décisive, celle d’une démocratie réelle et participative, structurante de toute stratégie de rupture, qui mérite mieux que d’incantatoires appels à la grève générale.

La situation permettrait de faire de la politique, si nous ne refusions pas d’en faire par peur de la confrontation avec d’autres, si nous ne nous enfermions pas dans l’illusion gauchiste d’un dialogue direct avec les masses.

Nous proposons aujourd’hui ce qui devrait selon nous être la politique du NPA :- prendre à bras le corps la question de la dette, être les meilleurs constructeurs de la mobilisation unitaire nécessaire pour l’arrêt du paiement de la dette et un audit populaire ; - préparer l’après-2012 et l’après-Sarkozy, c’est-à-dire s’inscrire résolument dans la volonté de battre la droite et commencer à regrouper les forces disponibles pour constituer un bloc « anticrise », une opposition de gauche à la politique social-libérale qui sera mise en œuvre en cas de victoire du PS.

La réunion nationale de la position B, les 5 et 6 novembre, sera l’occasion d’en discuter.

Fred Borras, Guillaume Floris, Ingrid Hayes, Monique MigneauPour contacter la position B, écrire à npa.positionb@gmail.com