Publié le Mercredi 28 mai 2025 à 12h48.

Pour le droit de choisir sa mort et le développement des soins palliatifs

Depuis 20 ans, la gauche se bat pour inscrire dans la loi un mouvement de fond de notre société, celui de décider de son propre corps, de sa vie, de sa mort, comme hier les femmes ont conquis le droit à l’IVG contre les pouvoirs religieux ou médicaux. C’est aussi la position du NPA-l’Anticapitaliste.

Le droit à décider de sa mort, plébiscité

Reflet de cette évolution de fond, la convention citoyenne de 2023 s’est prononcée, sous conditions, pour le suicide assisté et le développement des soins palliatifs. Tous les candidatEs de gauche aux présidentielles ont inscrit ce droit dans leur programme, plébiscité par 92 % des personnes.

Seule la mobilisation de la droite réactionnaire, des autorités médicales et religieuses, comme la conférence des évêques, a retardé cette loi de démocratie en santé, centrée autour du choix du patient, qui encadrerait enfin un acte jusqu’alors arbitraire et clandestin, avec quelques milliers d’euthanasies clandestines en France.

Le projet de loi précise que le droit de choisir se fait « de façon libre et éclairée », aux malades « à partir de 18 ans » présentant une « affection grave et incurable qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale » et qui « présentent une souffrance physique ou psychologique, soit réfractaire aux traitements, soit insupportable ». Il faut être « de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France », le racisme va se nicher jusque dans une loi sur la fin de vie ! La norme serait que le patient procède lui-même à l’injection, à la grande déception des patients experts de la maladie de Charcot auditionnés par la convention, qui souhaitent que le patient ait le choix de « se l’administrer lui-même ou par le biais d’une personne de confiance ou dans le cadre d’un accompagnement médical ». Un amendement de « délit de provocation » à l’aide à mourir a été repoussé, présenté par Annie Genevard, LR et la Manif pour tous, tandis qu’un « délit d’entrave », calqué sur le délit d’entrave à l’IVG a été intégré, suscitant la colère des anti-choix, mais aussi malheureusement d’une partie du mouvement antivalidisme.

Lier les combats

Le mouvement antivalidisme, que nous soutenons, propose d’attendre d’avoir conquis « le droit de vivre dans la dignité, avant de revendiquer le droit de mourir dans la dignité ». Comme si le mouvement des femmes avait dû attendre d’avoir arraché des crèches partout et l’égalité salariale pour revendiquer le droit à l’IVG ! Les droits sociaux, comme préalable au droit individuel de choisir sa vie ou sa mort. En fait, c’est le même mouvement qui conquiert ces deux droits. Et c’est la lutte pour le droit de mourir dans la dignité qui a braqué les projecteurs sur le caractère dramatiquement insuffisant des soins palliatifs, avec un projet de loi qui acte un droit opposable, mais un gouvernement qui ne prévoit aucun budget pour le rendre applicable.

Une loi eugéniste ?

Ces associations évoquent une loi eugéniste et validiste, dénoncent « un choix faussement libre dans un monde qui abandonne ». Cette crainte se fonde sur quelque chose de bien réel, l’exclusion, l’inaccessibilité, l’enfermement en institution des personnes qui vivent en situation de handicap dans notre société validiste. Et sur le souvenir des 300 000 personnes porteuses d’un handicap physique ou mental exterminées en Allemagne sous le nazisme. Mais ici, il ne s’agit pas pour l’État de décider, mais pour une personne malade et en pleine possession de ses facultés de décider de sa vie. Dire qu’il n’y a pas de choix libre sous le capitalisme est à la fois vrai, mais limité et dangereux. Il faut conjuguer choix individuel et luttes collectives, sauf à s’en remettre à l’État, à Dieu ou aux médecins, qui décident aujourd’hui à notre place ! Imaginez : le choix de l’IVG, un choix faussement libre dans un monde qui abandonne !

La crainte d’une extension des critères de l’euthanasie, ou de nuire à la prévention du suicide n’est pas fondée. Au Canada, l’extension, justifiée, a concerné les personnes « qui éprouvent des souffrances insupportables sans diagnostic terminal », en Australie « les personnes atteintes d’une maladie neurodégénérative » qui n’ont plus que 12 mois à vivre. Et nulle part, chiffres à l’appui 1, on assiste à un transfert des suicides vers l’euthanasie ! Alors oui défendons le droit des malades à choisir leur fin de vie et des moyens pour les soins palliatifs.

Commission Santé