Pour nous, l’année a (bien) commencé début février, avec la tenue du congrès de fondation du Nouveau Parti anticapitaliste. À l’enthousiasme né du sentiment d’inverser la spirale de l’émiettement en rassemblant des militantes et des militants de traditions différentes et de créer enfin quelque chose de neuf, s’ajoutait la conviction d’être portés par un nouveau cycle de luttes. En Guadeloupe, alliant unité et radicalité, le LKP venait de faire en pratique la démonstration que la grève générale n’était pas seulement un slogan mais une véritable perspective. En métropole, le mouvement social était alors en phase ascendante avec le succès des premières journées intersyndicales de grève et de manifestation. Il faudrait ensuite plusieurs mois aux directions des principales confédérations pour épuiser le mouvement en multipliant les journées d’action, répétitives et sans lendemain.
Premières épreuves
Et puis, très rapidement, le NPA a été confronté au verdict des urnes, lors des élections pour le Parlement européen. Avec près de 5 % en moyenne, les résultats ont été honorables pour un parti né seulement quelques mois auparavant. Mais, parce qu’ils étaient un peu décevants au regard des attentes suscitées précisément par la création du NPA, ils ont nourri la discussion sur la part prise par chaque explication possible : incompréhension – ou désaccord… – avec les délimitations politiques souhaitées par le NPA pour des listes unitaires ? Difficultés d’un discours essentiellement axé sur les mobilisations sociales au moment même où, globalement, elles refluaient ? Abstention massive dans les couches populaires et jeunes, précisément celles où les anticapitalistes sont susceptibles de faire leurs meilleurs scores ?
Cette discussion a rebondi, au cours des derniers mois, avec les négociations relatives aux élections régionales du printemps prochain. Un débat qui, au final, a été tranché par les militantes et les militants du NPA, grâce à une consultation démocratique. Impulsées par le NPA, les négociations unitaires ont impliqué les organisations politiques se situant à gauche du Parti socialiste, dont le PCF et le Parti de Gauche. Au plan national, elles ont achoppé sur une divergence politique importante. Dans les trois-quarts des régions, le PCF présentera au premier tour des listes concurrentes à celles du PS. En revanche, son objectif demeure la constitution de majorités de gestion avec ce même Parti socialiste…
Du fait du développement de la crise capitaliste, le chômage, les injustices sociales, les « plans de relance » entièrement tournés vers le maintien des profits des actionnaires ont été les terrains privilégiés d’intervention du NPA. Ainsi, sans relâche, les militants du NPA ont été aux côtés des salariés luttant contre les plans de licenciements ou la fermeture de leur entreprise, tels ceux de Molex, Continental, New Fabris… et bien d’autres. Contrairement à la gauche bien pensante qui s’offusquait des méthodes de lutte choisies par les travailleurs, le NPA a manifesté sa solidarité totale et tenté d’aider à la coordination et à la convergence des luttes.
Construire les mobilisations
Aux côtés des syndicats, des associations et d’autres partis de gauche, le NPA a pris toute sa place dans l’organisation de la gigantesque « votation citoyenne » contre la privatisation de la poste. Avec le succès que l’on sait : plus de deux millions de personnes ont réaffirmé leur attachement au service public postal et, au-delà, à l’ensemble des services publics attaqués par le gouvernement Sarkozy. Cet automne, des mobilisations ont commencé à émerger dans les secteurs de la santé et de l’éducation nationale : c’est un sillon qu’il faudra creuser dans les mois à venir.
Il existe un autre domaine où les anticapitalistes ne doivent rien lâcher : l’antiracisme et la défense des populations immigrées. Parce que c’est un terrain où le gouvernement s’est littéralement déchaîné, de charters d’expulsions en débats nauséabonds sur la fameuse « identité nationale ». Au sein même du gouvernement, à commencer par Brice Hortefeux et Nadine Morano, les ministres semblent faire un concours de blagues racistes et de propos xénophobes. Sans que l’on sache très bien si c’est le vernis qui craque et s’ils se lâchent. Ou s’il s’agit d’une nouvelle opération sarkozienne visant à faire main basse sur les voix du Front national en reprenant ses discours, à mi-mandat présidentiel et à trois mois des régionales… Entamée depuis quelques semaines, la deuxième vague de grève des travailleurs sans papiers – en lutte pour la reconnaissance de leurs droits – constitue la réponse à la fois la plus digne et la plus efficace : c’est dire l’importance de la solidarité. Pour qu’ils gagnent !
Alternative anticapitaliste
En effet, le mouvement social et les couches populaires ont un besoin pressant de remporter des victoires qui témoignent qu’il est possible de marquer un coup d’arrêt au flot ininterrompu de contre-réformes pro patronales que nous connaissons depuis quelques années. Œuvrer à la réalisation de cette perspective a été et sera la politique constante des anticapitalistes. Mais, au-delà de victoires revendicatives et défensives, l’ampleur de la crise capitaliste comme l’urgence de la crise écologiste renforcent l’idée que la société est confrontée à un véritable choix de civilisation : la maximisation des profits d’une petite minorité de privilégiés ou la satisfaction des besoins sociaux de l’immense majorité. L’enjeu des années à venir demeure la construction d’une alternative anticapitaliste au système. C’est cette perspective que le NPA veut faire vivre dans les luttes sociales, dans l’ensemble des mobilisations associatives, féministes et écologistes comme dans les confrontations électorales.
À commencer par les élections régionales de mars 2010…