Le premier conseil municipal de la nouvelle mandature s’est réuni le 3 juillet. Et c’est dans un climat très particulier que la majorité écolo-socialo (48 éluEs) a élu son maire face à une droite défaite et crispée (14 éluEs LR et LREM) et « Bordeaux En Luttes » (3 éluEs) bien motivé à se faire entendre.
Nous sommes d’abord arrivés en manif en chantant « on est là ». Puis dans la salle, nous avons continué à mettre de l’ambiance, à faire un peu de bruit, clameurs, chants et quelques sifflets. Ce n’est pas tous les jours que nous obtenons des éluEs ! Sur le coup personne n’a osé protester. Il faut dire que le moment était historique, entre fêter la chute des juppéistes et l’arrivée de conseillers anticapitalistes.
Contre les arrangements
C’est lors de la deuxième réunion (le 10 juillet) que le tout nouveau maire de gauche a commencé par rappeler que l’ambiance manif de la fois précédente était inadmissible, qu’il faudra respecter le règlement intérieur, lequel d’ailleurs donne pouvoir au maire d’exclure de la salle les fauteurs de troubles. Puis la droite en a profité pour enchainer plusieurs interventions pour remercier le maire, disant qu’ils avaient mal vécu ce premier conseil, qu’il aurait fallu l’interrompre. Voilà une attention et un respect réciproques qui font chaud au cœur.
Puis on est passé au premier vote, celui de l’élection des adjoints au maire. Une liste de vingt-cinq noms a été présentée par la majorité. La droite a voté blanc. Nous avons voté contre. Et là a commencé une nouvelle série de reproches. Visiblement voter « contre » ça ne se fait pas, ce n’est pas dans les mœurs de la maison.
Confirmation par la suite lorsque nous avons exprimé notre désaccord sur le fonctionnement (vote contre) et la nomination des représentants dans divers organismes (vote contre). C’est en coulisses que la répartition s’effectue. Les trois groupes d’opposition (LR-LREM et nous) étions censés nous entendre pour placer nos éluEs respectifs dans le peu d’organismes ouverts à l’opposition. La droite a pris évidemment toute la place possible.
Comme on est le plus petit groupe, on ne fait pas le poids. Le maire a présenté la liste « officielle » comprenant les représentants de droite. Et nous avons demandé un vote dans l’assemblée pour marquer notre désaccord, même si nous étions certains d’être minoritaires. Mais mieux vaut perdre ainsi que de tenter un quelconque arrangement.
Unanimité gâchée
Trois votes ont lieu pour trois organismes : l’Opéra de Bordeaux, le bailleur social « Incité » et le « Sivu » pour les cantines collectives. Toute l’assemblée, déjà bien disciplinée, a voté pour les candidats de droite, même les trois éluEs PC ! SeulEs cinq-six éluEs écologistes ont osé voter pour nous. Édifiant. Cette majorité qui nous avait tant reproché durant la campagne de faire le jeu de la droite en ne retirant pas notre liste, votait pour maintenir cette droite dans quelques organismes.
Par ces votes, nous avons gâché un moment d’unanimité, de « démocratie » bien huilée. La droite n’a rien lâché, est intervenue pour reprocher aux quelques éluEs écologistes d’avoir voté « blanc » ou pour nous, y voyant un début de division dans la majorité. Une droite qui décidément ne fait pas profil bas. Elle est minoritaire mais toujours aussi arrogante, moralisatrice, rappelant les règles de ce « jeu démocratique » qu’elle a mises en place, mettant ainsi la pression sur la nouvelle équipe, un peu comme si le pouvoir n’avait finalement pas complètement changé de mains.
En simplement deux réunions, nous constatons que leurs pratiques, leurs mœurs ne sont pas les nôtres et que l’on ne s’adaptera pas à leur fonctionnement. Mieux, nous serons volontiers les « impoliEs », les perturbateurEs. Par notre simple attitude, par notre indépendance, par nos déclarations, par nos votes, nous cultiverons l’irrévérence. Et à partir de là, nous essaierons de construire des résistances.