Bien des fervents de Woody première manière s’étaient sentis déçus, voire frustrés, par ses productions récentes. On y trouvait certes çà et là des choses plaisantes, mais on redoutait une accoutumance aux voyages touristiques : Barcelone, Paris, Rome… Jasmine nous surprend totalement. C’est un drame qui se déroule aux USA et qui décrit sans complaisance la déchéance d’une femme, richement mariée, qui se retrouve sans un rond, le mari, escroc, s’étant fait prendre (comment ? c’est un ressort du film). Fauchée et dépressive, Jasmine se réfugie chez sa sœur Ginger, où ses habitudes snobs déclenchent des catastrophes. Ce serait beaucoup exagérer que de dire que Woody Allen découvre la lutte des classes… Pourtant on dirait bien que ce qui l’inspire ici, plus que la peinture de la peu sympathique Jasmine, c’est la description sociologique de deux milieux : les riches et les pauvres. L’image finale de cette femme ruinée et seule, qui parle toute seule sur un banc public, serait-elle une condamnation morale ?
Paul Louis Thirard
Cinéma : Blue Jasmine de Woody Allen Avec Alec Baldwin, Cate Blanchett et Sally HawkinsSorti le mercredi 25 septembre