En écoute sur France Musique (1).
La saxophoniste Sophie Alour « milite » une partie de l’année en compagnie de l’organiste américaine Rodha Scott au sein d’un groupe exclusivement féminin, qui a triomphé cette année encore à Vienne. Sur le combat des femmes au sein du monde encore très masculin du jazz, elle a déclaré à La Garde-Adhémar (Drôme) : « Il est vrai qu’il faut forcer les choses. Mettre en avant les femmes c’est soit s’en servir, soit les défendre […]. L’homme est rarement en situation de questionner sa légitimité. Il y a quelques années, j’étais hérissée par le fait de mettre en avant les femmes ou la femme que je suis. Car pour moi, ce qui définit ma sensibilité dépend moins de mon genre que de ma psychologie personnelle, de mon parcours et des adversités rencontrées ».
Aux confins du jazz et des musiques orientalesSa légitimité, elle l’a gagnée haut la main depuis plus de 15 ans, et les meilleurs musiciens de jazz du moment (Romano, Coq, Marsalis, Parker) ne demandent qu’à l’accompagner pour jouer une musique « coltranienne » intemporelle. En 2019, c’est la situation toujours plus nauséabonde de la France et du monde qui lui a imposé de créer l’atelier et le groupe « Exils ».Aux confins du jazz et des musiques orientales, ce nouveau groupe « fusionnel » s’envole lorsque le saxophone de Sophie double l’oud de l’Égyptien Mohamed Abozékry pour les amener sur la Chaussée des géants (2). Toutes les nouvelles compositions de Sophie ont été testées grandeur nature cette année aux festivals de Coutances (« Jazz sous les pommiers ») et Drômois (« Jazz au féminin »). Le nouveau CD, sous presse en ce début octobre, s’appellera Joy et va constituer l’évènement jazz majeur de ces dernières années.Sophie Alour y passe allègrement du saxophone ténor à la flûte, entourée ou immergée comme on voudra de l’oud magique de Mohamed Abozékry et de ses sonorités uniques. Les deux artistes sont accompagnés de quatre autres musiciens de talent : Donald Kontamanou (batterie), Philippe Aerts (contrebasse), Damien Argentieri (piano), Wassim Halal (derbouka, bendir). Le premier thème, « Exil », réunit immédiatement et naturellement, si c’est possible, piano et oud avant de passer à une formation jazz plus conventionnelle où la contrebasse donne le ton. Schéma qui s’écroule immédiatement lorsque l’oudiste s’enfièvre et se met à chanter en lançant un défi au saxophone de SophieUn pur bonheur que l’on peut écouter gratuitement sur France Musique, en attendant la sélection FIP et la commercialisation de l’album.Sylvain Chardon1 –https ://www.youtube.com/watch ?v=eoBYEc7aJ9I2 –Volcanique morceau où se perd la notion même de temps.