ÉditIons La Découverte, 300 pages, 22 euros
En 2016, Sylvain Pattieu faisait paraitre Un roman de pirates. Dans ce nouvel ouvrage, en librairie depuis le mois d’août, il s’agit aussi de pirates… mais de l’air.
Fuir l’Amérique des violences policières et racistes
Cinq jeunes Afro-américainEs, trois hommes et deux femmes, détournent un avion vers l’Algérie le 30 juillet 1972. Ils fuient le racisme, les violences policières, les assassinats, et veulent aussi échapper à la guerre du Vietnam. L’un d’entre eux est déserteur. Melvin et sa femme Jean, en particulier, ont un parcours tumultueux et hors du commun.
La fin des années 1960 et le début des années 1970 sont marqués aux États-Unis par le mouvement pour les droits civiques, qui a obtenu quelques avancées, mais surtout par une violence raciste et politique de grande intensité. Malcom X et Martin Luther King sont assassinés ; des milices policières tuent principalement des NoirEs, comme à Detroit où 22 personnes ont trouvé la mort entre 1971 et 1973, (dont 21 NoirEs) ; le Ku Klux Klan connaît un regain d’activités criminelles, fait sauter des bombes dans des églises, tuant des femmes et des enfants noirs. En réaction, le mouvement des Black Panthers est créé et porte un élan révolutionnaire.
De l’Algérie à la France
Après l’Algérie, nos pirates rejoignent la France qui refuse de les extrader vers les États-Unis. Ils sont placés en prison à Fleury-Mérogis, reçoivent le soutien d’un bon nombre d’intellectuelEs français, d’artistes, dont Simone Signoret. À l’issue d’un procès médiatisé, ils sont condamnés à cinq de prison pour les hommes, deux ans pour les femmes. Celles-ci sont vite libérées, les hommes sortent de prison au bout de trois ans. Quelques années plus tard, Melvin et Jean sont à Caen, engagés tous les deux dans un cadre associatif auprès des jeunes de quartiers populaires, initiateurs de projets divers.
Racisme et inégalités sociales
Ce livre, abondamment documenté à partir d’archives et d’entretiens, montre à quel point les questions de race et les questions sociales sont imbriquées. Il interroge aussi le présent, à la suite à l’assassinat de George Floyd, et la place occupée par le mouvement Black Lives Matter.