D’Éric Vuillard. Actes Sud, 160 pages, 16 euros.
Le prix Goncourt de cette année n’a sans doute pas besoin de publicité. Pourtant, il nous est difficile de ne pas en dire quelques mots.
Le récit part d’une réunion « secrète » de 24 capitalistes allemands, avec des dirigeants nazis, en février 1933, donc juste après l’avènement d’Hitler. Ils sont tous là, les Krupp, Siemens, Opel, les dirigeants de Varta, IG Farben, Telefunken… pour financer le parti nazi : « un épisode assez ordinaire de la vie des affaires, une banale levée de fonds ». Puis le récit nous amène à d’autres rendez-vous, dresse d’autres portraits de ces années 1933-1938, racontant avec beaucoup d’ironie l’hypocrisie, les mensonges, la médiocrité des dirigeants des « démocraties » anglaise ou française face à Hitler, qu’ils laisseront tranquillement établir son pouvoir et préparer la guerre, décrivant notamment l’annexion de l’Autriche. Retour à la fin sur Krupp et les autres patrons qui vont exploiter la main-d’œuvre des camps de concentration.
Les années vont passer et le soutien aux nazis apporté par ces gens respectables sera volontairement effacé, l’histoire réécrite. Un livre efficace.
Philippe Poutou