Publié le Dimanche 12 octobre 2025 à 09h00.

« Deux ans depuis le 7 octobre, résister est un droit, notre lutte continue pour en finir avec la complicité européenne »

Déclaration d’organisations de la diaspora palestinienne en Europe

Alors que nous commémorons les deux ans du 7 octobre 2023, nous, Palestinien·nes d’Europe, prenons la parole avec clarté et détermination. Ce jour-là n’est pas venu de rien. Il est le produit de 75 ans de dépossession, 18 ans de siège brutal et d’innombrables agressions contre notre peuple.

Le peuple palestinien subit l’une des campagnes d’extermination les plus violentes et systématiques de l’histoire moderne

Depuis près de deux ans, le peuple palestinien subit l’une des campagnes d’extermination les plus violentes et systématiques de l’histoire moderne. À Gaza, plus de 60 000 personnes ont été tuées et plus de 140 000 ont été blessées, mais nous savons que les chiffres réels sont probablement quatre fois plus élevés, des chiffres masqués sous les décombres et le blocus. Gaza a été rasée, des familles et des générations ont été exterminées. Israël a mis en œuvre une famine délibérément organisée, utilisant l’aide humanitaire comme une arme contre plus de deux millions de civil·es. Des enfants sont affamé·es, des hôpitaux sont bombardés et des journalistes, des médecins et des civil·es sont pris pour cible en toute impunité. Toutes les infrastructures nécessaires à la vie ont été détruites. Ce n’est pas une « guerre ». C’est une campagne génocidaire dont l’objectif clair est le nettoyage ethnique et l’extermination. 

Mais Gaza n’est pas la seule cible. De la bande de Gaza à la Cisjordanie, des territoires occupés en 1948 aux camps de réfugié·es du Liban et de la Syrie, et à travers toute la diaspora palestinienne, le sionisme mène partout sa guerre contre les Palestinien·nes. En Cisjordanie, le nettoyage ethnique se poursuit par la démolition, les raids militaires et la terreur imposée par les colons. Par-delà les frontières, notre identité, notre mémoire et la résistance sont attaquées.

Nous sommes ici en exil, pas par choix, des témoins au sein d’États particulièrement complices du maintien de notre oppression

Ce projet génocidaire est rendu possible par des milliards de dollars d’aide militaire, par le soutien politique et les livraisons d’armes provenant des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et d’autres pays. En Europe, les gouvernements présentent la « reconnaissance » symbolique en même temps qu’ils continuent à livrer des armes et à permettre le commerce. Nous rejetons cette hypocrisie. La reconnaissance sans mesures concrètes — sanctions, embargo — n’est pas une reconnaissance ; c’est un habillage pour le génocide. En tant que Palestinien·nes de la diaspora, notamment d’Europe, notre rôle n’est pas seulement de protester, mais d’organiser notre lutte : dénoncer la reconnaissance sans droits, exercer une pression sur les institutions qui financent et arment Israël, apporter nos revendications — droit au retour, restitution de nos terres et de nos biens, libération — au centre du pouvoir de l’Europe.

Nous ne demandons pas la permission de vivre, nous luttons pour notre libération

Nous sommes ici en exil, pas par choix, des témoins au sein d’États particulièrement complices du maintien de notre oppression.

Notre lutte politique prend de l’ampleur — elle est plus forte, plus unie et de mieux en mieux organisée.

Nous réaffirmons notre droit à la résistance, qui est une nécessité en temps de domination coloniale. Les tentatives visant à criminaliser notre lutte ou à détourner notre résistance échoueront. Nous ne demandons pas la permission de vivre, nous luttons pour notre libération.

En Europe, nous exigeons :
∙ La fin immédiate et inconditionnelle du génocide
∙ Un embargo total sur les armes à destination d’Israël
∙ Une aide humanitaire complète et sans restriction à Gaza
∙ La levée du blocus
∙ La libération de tous les prisonnier·es palestinien·nes 
∙ Des poursuites contre tous ceux qui se sont rendus complices de crimes de guerre et de génocide
∙ Des sanctions contre les responsables israéliens, leurs banques, les institutions, les entreprises qui participent au génocide.
∙ La suspension de l’accord d’association UE-Israël en vertu de l’article 2
∙ La réparation et la reconstruction de Gaza
∙ La reconnaissance et mise en œuvre du droit au retour des Palestinien·nes (résolution 194 de l’ONU)

Toute reconnaissance qui ne démantèle pas l’annexion, l’apartheid et le siège n’est pas de la solidarité mais de la complicité

Nous rejetons la « vague de reconnaissance » européenne d’un hypothétique mini-État sculpté à partir de fragments de la Cisjordanie et de Gaza. Cela n’arrête aucunement le génocide ni ne rétablit nos droits. Cela affaiblit notre peuple, fait disparaître les Palestinien·nes de 1948 et les réfugié·es et cela renforce ce que les tribunaux internationaux et le Conseil de sécurité de l’ONU ont jugé illégal. Les Palestinien·nes forment un peuple avec des droits — au retour, à l’égalité, à la liberté de mouvement et à l’auto­détermination.

Toute reconnaissance qui ne démantèle pas l’annexion, l’apartheid et le siège n’est pas de la solidarité mais de la ­complicité.

Le mouvement de solidarité mondial ne peut être arrêté

Partout dans le monde, des millions de personnes — de Londres à Tanger, de Johannesburg à Paris — ont dit non au génocide et oui à la justice.

Elles font face à la censure, à la répression et à la criminalisation. Les politiques européennes, à travers la reconnaissance d’un État palestinien hypothétique et soumis à diverses conditions, tentent d’éteindre nos revendications. Mais le mouvement de solidarité mondial ne peut être arrêté.

Complicité ou résistance : en tant que Palestinien·nes, nous avons fait notre choix et nous appelons toutes les personnes dotées d’une conscience à faire de même

Gaza est la boussole morale de notre époque. Elle a révélé les fractures qui existent au sein de l’empire et contraint le monde à faire un choix : la complicité ou la résistance. En tant que Palestinien·nes, nous avons fait notre choix. Et nous appelons toutes les personnes dotées d’une conscience à faire de même.

Jusqu’au retour, jusqu’à la libération, jusqu’à ce que chaque centimètre carré de notre terre soit libre.

Beitna (Belgique)
Comunitat Palestina de Catalunya (Catalogne)
Giovani Palestinesi d’Italia (Italie)
Internationalt Forum (Danemark)
Palestinian Youth Movement (Grande-Bretagne)
Urgence Palestine (France)