Publié le Lundi 3 juin 2024 à 18h00.

Tribune des réseaux et des activistes en solidarité avec l’Ukraine à Madrid, en Catalogne et en Euskadi

Tribune des réseaux et des activistes en solidarité avec l’Ukraine à Madrid, en Catalogne et en Euskadi

Le lundi 27 mai, le Président Zelensky s’est rendu à Madrid après avoir été dans l’impossibilité de le faire deux semaines plus tôt en raison des attaques russes majeures dans le nord du pays contre les civilEs et les infrastructures.

Le contenu de la visite était un accord par lequel, entre autres, le gouvernement espagnol s’engage à financer en 2024 une aide militaire de 1 100 millions d’euros (missiles anti-aériens Patriot, munitions, chars Leopard...).

En tant qu’activistes socialement engagés et solidaires de l’Ukraine, nous sommes d’accord avec ce contenu concret de la visite, car il s’agit de contribuer à renforcer la défense d’un pays envahi et attaqué par une puissance nucléaire et d’expulser ses troupes d’Ukraine.

Il est vrai que si ce compromis avait été conçu plus tôt, comme l’exigeait la situation en Ukraine, le gouvernement aurait pu consulter ses partenaires parlementaires et d’autres forces au préalable et avec plus de transparence, en essayant de créer une base politique et sociale plus large de soutien à cet accord nécessaire, sans dépendre d’une opposition dont l’objectif principal actuel est de renverser le gouvernement.

Tout soutien à l’Ukraine est le bienvenu, et si l’opposition parlementaire le soutient, tant mieux. Mais rappelons que jusqu’à présent, cette opposition d’extrême droite n’a fait aucune proposition pertinente dans ce sens. Et que, ne l’oublions pas, VOX s’est déclaré ami de Poutine avant l’invasion russe du 24 février 2022 et s’est montré « sympathique » au blocage par Trump de l’aide militaire des États-Unis. La crédibilité de ceux qui prétendent être du côté de l’Ukraine, mais qui sont amis de Trump et se font prendre en photo avec Netanyahou au milieu du massacre de Gaza, est très faible.

Mais nous pensons également que le fait que les partis à la gauche du PSOE, tous avec des nuances différentes, n’aient pas reçu le président du pays agressé et ne soutiennent pas la livraison des armes, au nom du fait qu’ils sont contre l’armement et pour la paix, a été une grave erreur. Se rendent-ils compte du message qu’ils ont envoyé à Poutine ? Est-ce ce qu’ils voulaient ?

Il est important de comprendre qu’il n’y aura pas de paix tant que les peuples soumis ou attaqués par les puissances impérialistes n’imposeront pas leurs droits, leur liberté. En Ukraine comme en Palestine, l’expérience le montre, les peuples continueront à résister et il vaut mieux qu’ils aient tous les moyens et tous les soutiens pour gagner. La paix ne peut être vraie que si elle est juste, pas si elle est indifférente à une éventuelle partition et à l’occupation d’un tiers de l’Ukraine.

Si la Russie devait l’emporter en Ukraine, nous pouvons être sûrs que l’Otan et toutes les puissances impérialistes renforceraient leur armement et, comme la Russie, multiplieraient leurs menaces contre les nations les plus faibles et redoubleraient leur compétition entre elles pour dominer le monde. Défendre la paix, lutter contre l’armement, l’impérialisme et les guerres, c’est aujourd’hui soutenir la lutte des peuples, en Ukraine comme en Palestine, pour leur liberté.

SUMAR, membre du gouvernement, s’est rendu à la réception, mais se plaint que la destination du 1,1 milliard d’euros a été cachée au Conseil des ministres, qui l’a adopté sans débat comme une augmentation du budget de la défense. Ce soi-disant pacifisme préfère-t-il vraiment que l’argent reste dans les mains de l’armée espagnole plutôt que de contribuer à la défense de la liberté de l’Ukraine ?

En tant que Réseaux de solidarité avec l’Ukraine, impliquant des personnes et des organisations engagées dans des valeurs et des objectifs de liberté, d’égalité, de paix et de coopération, nous considérons qu’il existe une grande contradiction entre ces valeurs et les attitudes adoptées à l’égard de cette guerre par les forces politiques qui se réclament de ces valeurs. Comment peut-on défendre le droit à l’autodétermination nationale et le « droit à l’autodéfense » et ne pas reconnaître que ces droits – reconnus par l’ONU elle-même – impliquent nécessairement, dans le cas de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une défense armée ? On ne peut pas défendre une Ukraine libre et démocratique sans armes. Tout comme, il y a quatre-vingt-dix ans, la République espagnole ne pouvait pas se défendre contre le fascisme sans armes.

Nos centres actifs à Madrid, en Catalogne ou en Euskadi sont, et veulent être, un lieu de rencontre avec la communauté ukrainienne, la communauté russe contre le régime et la guerre de Poutine, avec les activistes et les organisations. Nous nous adressons à tous nos citoyens et en particulier à ceux qui, dans d’autres conflits, adoptent des positions de solidarité, comme nous le faisons lors des grands événements de solidarité avec l’Ukraine :

À l’instar de la reconnaissance de l’État palestinien, l’Espagne n’a pas besoin d’attendre que quiconque, que ce soit l’Otan ou l’UE, adopte une position active de solidarité avec l’Ukraine. De plus en plus de pays, comme les pays nordiques, prennent des décisions bilatérales pour aider l’Ukraine. Nous devons poursuivre dans cette voie, tout en continuant à agir dans des espaces tels que l’UE pour obtenir des engagements de soutien plus larges.

Les signataires de cette déclaration ne sont pas favorables aux alliances militaires, y compris l’Otan, à l’armement, au bellicisme ou à l’augmentation des budgets militaires. Mais cette guerre a été déclenchée par Poutine. Nous appelons maintenant à soutenir la position sur la livraison d’équipements militaires de défense approuvée par le gouvernement de Pedro Sánchez. D’autant plus que depuis de nombreux mois, les syndicats et les travailleurs d’Ukraine demandent instamment un tel soutien.

Soutenir militairement l’Ukraine peut se faire par solidarité et non pour les affaires des marchands d’armes. Nous veillerons à ce que ce soit le cas. Bien entendu, il faut donner à l’Ukraine des armes ou les moyens de les obtenir, et non les lui vendre. Tout le matériel militaire doit être donné, pas vendu ! On peut soutenir l’Ukraine tout en critiquant le gouvernement de Zelensky, en soutenant les syndicats ukrainiens contre les lois et les mesures anti-ouvrières qu’il a prises. C’est ce que nous faisons.

Une fois de plus,

Solidarité avec l’Ukraine !

Nous sommes tous Ukrainiens dans cette lutte !

De l’Ukraine à la Palestine, l’occupation est un crime !

Contribuons à expulser les troupes russes du territoire ukrainien !