Du 4 au 7 décembre, à Paris, le colloque reviendra sur l’œuvre du cinéaste Lionel Soukaz.
Jeune homosexuel dans les années 1970, Soukaz découvre le cinéma et la radicalité politique dans les traces du « Front homosexuel d’action révolutionnaire » (FHAR). C’est avec sa caméra qu’il participe à ces années rouges, noires et roses : il filme les luttes, mais aussi les mouvements du « désir » comme dans le Sexe des anges (« les anges ont pourtant un sexe et sont bel et bien décidés à le prouver »). Il s’affronte à la censure avec Ixe, un film expérimental qui fait « l’inventaire de tout ce qui était interdit » : sex & drugs... Et, avec l’écrivain-militant Guy Hocquenghem, il réalise en 1979 Race d’ep (pédéraste en verlan) sur un siècle de représentations homosexuelles.Puis viennent les sinistres années 1980 : celles du reflux des luttes, des suicides, des drogues meurtrières. Ce sont, aussi et surtout, celles du Sida. Un monde est englouti : les amis et les amants de Soukaz disparaissent, un à un. Soukaz survit et, caméra vidéo en main, prend la décision de tout filmer : la vie, les amours, le sexe, la pensée, les luttes, etc. Un vaste ensemble, amorcé en 1991, et intitulé Journal Annales, qui fait à ce jour plus de 2000 heures…
Cinéma de la « marge »On croise Soukaz, encore et toujours, dans les manifs, les AG, au côté des trans’, des prostituées, des victimes des violences policières, des sans-papiers, etc. Il en bricole des films, mis en ligne, comme un « service public militant » : la mise à disposition pour tous des images et des mots des combats d’aujourd’hui.Cette œuvre gigantesque, radicale, foutraque, amoureuse, déconnante, furieuse, pornographique, sera durant trois jours au centre de l’attention, à l’occasion d’un colloque international. Un paradoxe pour ce cinéma de la « marge »... Des interventions, des films, une expo, un « cabaret Soukaz » (avec « tango » et « performance pédéléctro-hophop-variétoche ») composent cet événement qui, s’il ressemble à ses films, devrait avoir des allures de voyou et des airs de « folle » ! Cette époque est bizarre : elle expose des œuvres punks et colloque sur des cinéastes underground. Mais il ne fait aucun doute, qu’une fois « Eros militant » fini, Soukaz retournera dans la pénombre, celle où se croisent d’étranges amants et où se fomentent d’excitants complots.
Olivier NeveuxProgramme complet du colloque : http ://erosmilitant.wordpress.com