La Fondation Copernic vient de publier une note qui analyse les possibilités de gouvernements à gauche, dans le cadre de la crise capitaliste et en dehors. Un très bon outil pour les anticapitalistes. Que pourrait faire un gouvernement de gauche s’il en avait la volonté politique ? La dernière note de la Fondation Copernic, Changer vraiment, quelles politiques économiques de gauche ?1, a l’ambition de donner des éléments de réponse à cette question. Elle a été rédigée par des auteurs dont certains appartiennent à EÉLV, au NPA ou au FdG, preuve donc que malgré des engagements divergents, on peut se mettre d’accord sur le fond des politiques à mener. Ce livre repose d’abord sur une analyse : la crise actuelle marque l’épuisement du mode d’accumulation du capitalisme productiviste néolibéral tel qu’il s’est mis en place au détour des années 1980. L’issue de cette crise n’est pas donnée d’avance et dépendra pour partie des mobilisations sociales et des rapports de forces qui seront créés. Mais le succès de ces mobilisations dépendra aussi du fait d’avoir une claire conscience des enjeux et des cibles auxquelles s’attaquer. C’est pour cela que ce livre propose une démarche stratégique en trois dimensions. Tout d’abord, il pointe les conditions de la transformation sociale, les préalables indispensables à toute politique de rupture : retrouver des marges de manœuvre par une réforme fiscale d’ampleur et un nouveau partage de la valeur ajoutée ; lever l’hypothèque de la dette en sortant celle-ci de l’emprise des marchés financiers ; contrôler la finance pour permettre d’assurer le financement de la transition écologique, des activités tournées vers la satisfaction des besoins sociaux et l’emploi. À défaut, un gouvernement de gauche ne peut au mieux que s’embourber, au pire, et c’est le plus probable, mettre en œuvre des politiques néolibérales.
Ensuite le livre examine les bases de la rupture : adopter des mesures d’urgence face à la crise pour réparer les dégâts causés à la grande majorité de la population ; changer de logique économique et prendre des mesures de protection des salariéEs afin d’aller vers un plein emploi de qualité ; engager une bataille pour refonder l’Union européenne en commençant par refuser de ratifier le Pacte de stabilité.
Enfin, le livre examine les voies et les moyens d’amorcer un nouveau mode de développement par l’extension du domaine public, une réindustrialisation écologique et une politique d’égalité effective entre les hommes et les femmes.
Ces trois dimensions ne sont pas des étapes successives séparées dans le temps, mais des moments d’une même dynamique politique et économique qui brise les mailles du filet néolibéral permettant ainsi d’engager un processus de transformation sociale.
Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic 1. Changer vraiment, quelles politiques économiques de gauche ?, Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa & Christiane Marty (coord), Guillaume Étievant, Norbert Holcblat, Michel Husson, Alain Lipietz, Jacques Rigaudiat, Stéphanie Treillet, Éditions Syllepse, juin 2012.