Publié le Dimanche 5 septembre 2021 à 19h00.

#Poutou2022 : « On n’a pas reçu le carton d’invitation, mais on sera là ! »

La 13e université d’été du NPA a été riche en rencontres, en réflexions et en discussions (voir pages 6-7 et page 10). Elle a aussi été l’occasion, deux mois après la Conférence nationale qui a décidé de notre participation à l’élection présidentielle autour de la candidature de Philippe Poutou, de lancer publiquement notre campagne, notamment lors du meeting de l’université d’été organisé le dimanche 22 août au soir.

« C’est reparti pour un tour ». C’est par ces mots que Philippe a débuté son intervention au meeting, au cours de laquelle il est revenu sur les raisons qui nous ont poussés à décider de présenter une nouvelle fois, au nom du NPA, sa candidature lors de l’élection présidentielle, et sur les grands axes autour desquels va s’articuler le début de la campagne.

Nos vies, pas leurs profits

Quatre interventions ont précédé la prise de parole de Philippe, qui ont permis de souligner certains aspects saillants de la situation. Notre camarade Pauline Salingue, militante CGT au CHU de Toulouse, a souligné les effets toujours bien présents de la crise sanitaire et de sa gestion calamiteuse par le pouvoir : succession de décisions incompréhensibles, voire contradictoires, autoritarisme avec le pass sanitaire, absence totale de politique de santé publique, avec entre autres des hôpitaux laissés à l’abandon et des personnels soignants méprisés, voire maltraités… Les questions sanitaires sont toujours prégnantes lors de cette rentrée et seront au cœur de la campagne présidentielle, au cours de laquelle nous entendons bien faire résonner les revendications des hospitalierEs et, au-delà, la nécessité d’arracher au secteur privé et aux adeptes de la rentabilité tout ce qui touche à notre santé.

L’avocat et militant de la LDH Arié Alimi est quant à lui intervenu sur le thème des libertés publiques et de la gestion de plus en plus policière et autoritaire de la conflictualité sociale. Une offensive contre les libertés démocratiques particulièrement marquée durant les quatre années de présidence Macron, face à laquelle des fronts de riposte se sont constitués, qu’il conviendra d’amplifier dans les semaines et les mois à venir, y compris durant la campagne présidentielle. Notre camarade Damien Scali, cheminot, est ensuite revenu sur les conséquences, à la SNCF, des politiques antisociales du gouvernement : conditions de travail en recul, service dégradé, répression contre la contestation… Autant de phénomènes qui touchent l’ensemble du monde du travail, au sein duquel, comme à la SNCF, des mobilisations partielles ont eu lieu au cours de l’année, malheureusement insuffisantes pour faire reculer la Macronie, mais qui montrent la voie vers un nécessaire mouvement d’ensemble. Enfin, Marine, du secteur jeunes du NPA, est intervenue sur l’une des questions qui préoccupe aujourd’hui le plus la jeunesse : la crise climatique et la menace que les politiques capitalistes font peser sur notre avenir, sur nos vies, face à laquelle il ne peut y avoir de réponse cosmétique : changeons le système, pas le climat !

Trop tard pour être modérés

Philippe Poutou a ensuite pris la parole, pour présenter la candidature du NPA à la présidentielle, nos motivations, nos objectifs et les thèmes que nous entendons porter. En répondant tout d’abord à la question de la « légitimité » de la candidature du NPA. Il n’y a en effet rien de « naturel » à ce qu’une organisation anticapitaliste, révolutionnaire, participe à des élections, et a fortiori l’élection présidentielle, probablement la plus antidémocratique d’entre toutes. Mais à l’heure des crises multiples du capitalisme (écologique, économique, sociale, sanitaire…) et alors que les capitalistes font chaque jour la preuve de leur incapacité à résoudre lesdites crises, les approfondissant toujours un peu plus, quoi de plus normal que de faire entendre le voix de celles et ceux qui résistent et, au-delà, de porter une perspective anticapitaliste, de rupture avec ce système ? Alors que le capitalisme menace la survie de l’humanité et de la planète, ce ne sont pas les anticapitalistes qui devraient être considérés comme une anomalie, mais les défenseurs de ce système prédateur et mortifère !

Ensuite, et sans « dérouler » un programme complet, Philippe est revenu sur les premiers grands axes de notre campagne, tels que nous les avons déterminés lors de notre conférence nationale de juin : un plan d’urgence pour renverser la tendance à la dégradation de nos conditions de travail et de vie, avec notamment l’interdiction des licenciements, la réduction et le partage du temps de travail, la hausse des salaires et des minima sociaux, l’extension des domaines de la gratuité, etc. ; au-delà, c’est bien aux racines des problèmes qu’il faut nous attaquer, avec une remise en cause radicale de la sacro-sainte propriété privée, en posant la question des expropriations des grands groupes qui jouent avec notre santé et avec nos vies, qu’il s’agisse de l’industrie pharmaceutique ou des multinationales de l’énergie qui détruisent la planète, la réquisition des secteurs clés de la production et leur réorganisation dans une perspective sociale et écologique, en d’autres termes écosocialiste ; troisième axe développé, et pas des moindres, celui de la défense des droits démocratiques et de l’exigence de l’égalité des droits, contre l’autoritarisme et contre toutes les violences et discriminations, qu’elles soient racistes, sexistes ou LGBTIphobes.

Autant de thématiques et de propositions sur lesquelles nous reviendrons dans les semaines et les mois qui viennent, au cours d’une campagne que nous concevons comme étant nécessairement articulée aux mobilisations. Nous savons en effet que les élections ne changeront pas la vie, et que c’est par nos luttes que nous pourrons modifier les rapports de forces et obtenir des victoires, petites et grandes. Notre campagne sera donc également l’occasion de faire que les luttes s’invitent dans le débat politique, et de porter la perspective de leur nécessaire coordination, de leur indispensable convergence, contre la résignation, contre les divisions que les dominants aiment entretenir et instrumentaliser. Alors on peut le dire : #Poutou2022, c’est parti, on sera là, pour faire entendre et soutenir celles et ceux qui résistent, pour perturber le petit jeu politicien et contribuer, à notre échelle, à porter une perspective de rupture anticapitaliste et à ce que notre camp social prenne ses affaires en mains pour en finir avec un système générant toujours plus d’exploitation et d’oppressions !