Publié le Lundi 27 avril 2020 à 18h38.

CRA : Castaner veut réprimer à huis clos

Alors que toute l’attention est focalisée sur la lutte contre le Covid-19 et ses conséquences catastrophiques, l’État continue sa politique raciste et son entreprise de démantèlement des droits démocratiques.

Un nouvel exemple de cet acharnement méthodique : la récente ouverture par le ministère de l’Intérieur du « Marché relatif à la réalisation des prestations d’information et d’assistance juridique aux étrangers maintenus dans les centres de rétention administrative (CRA) ». Dans ledit « marché » (!), ouvert aux associations, ont été supprimées les clauses qui garantissaient explicitement leur liberté d’expression et de témoignage sur les situations qu’y vivent les migrantEs. Il a de plus durci les clauses de confidentialité et de discrétion. N’est ainsi plus garantie la possibilité de rendre publiques, avec l’accord de la personne retenue et dans le respect de sa vie privée, les informations sur une situation individuelle. Et, dans le même temps, le ministère sanctionne financièrement très lourdement la diffusion de telles données. Enfin, il se donne la possibilité de retirer l’agrément sans motif et sans délai à toute personne salariée d’une association intervenante…

Le 23 avril, plusieurs associations intervenant en défense du droit des étrangerEs (dont La Cimade et Amnesty International) interrogent dans une lettre de protestation envoyée au Premier ministre : « La politique migratoire que vous menez a-t-elle besoin de s’entourer de silence ? » C’est évidemment le but poursuivi par le gouvernement : faire en sorte que même les maigres droits à un quelconque accompagnement juridique assuré par ces associations dans les CRA soient remis en question et surtout, en interdisant tout témoignage sur les exactions commises à l’intérieur contre les retenuEs, couper court à toute possibilité d’organiser un soutien à l’extérieur. Ce qui a permis récemment de populariser les luttes à l’intérieur des CRA et d’en obtenir la fermeture de plusieurs pendant la pandémie.

Pour la fermeture définitive des CRA !

Pour le secteur associatif qui répondrait à cet appel d’offre du ministère de l’Intérieur, le message du gouvernement ne laisse place à aucune ambiguïté : le silence sur la sale guerre aux migrantEs dans les CRA en échange de subventions !

Au-delà de ce secteur associatif spécifique qui accepte d’être sous-traitant de l’État, c’est aujourd’hui à l’ensemble du secteur associatif qui supplée largement aux défaillances gouvernementales dans la prise en charge des personnes migrantes que ce message est adressé : la charité oui, la solidarité non ! Circulez, il n’y a rien à voir ! On est encore bien loin d’en finir avec les procès pour délit de solidarité !

Plus que jamais il est crucial d’être aux côtés des migrantEs pour exiger : la fermeture définitive des CRA, la régularisation de tous les sans-papiers, la liberté pour tous et toutes de circuler librement et de s’installer dans le lieu de son choix. Il y va des droits démocratiques, du droit d’expression, de réunion, du droit à la santé et à l’éducation… qui nous concernent toutes et tous et qui sont menacés chaque jour un peu plus par le talon de fer du néolibéralisme.