Bien plus qu’un arrêté ministériel, un système à combattre.
Difficile d’énumérer l’ensemble des législations racistes adoptées au cours des dix dernières années. Au printemps 2018, l’État se donnait les moyens d’enfermer deux fois plus longtemps une personne en centre de rétention administrative, et criminalisait le travail de 200 000 à 300 000 salariéEs sans papiers. Aujourd’hui, ils veulent racketter les étudiantEs. Un racket qui ne rapportera finalement pas grand-chose, sinon l’attention des racistes.
Une mesure raciste
Le gouvernement a décidé, par un arrêté ministériel, et donc par la décision « exécutoire » d’un ministre, de briser l’accès aux études des étudiantEs étrangers issus de notre classe, et de radier dans la pratique les étudiantEs sans papiers, avec la décision d’une augmentation spectaculaire des frais d’inscription à l’université pour les étudiantes étrangers « extra-européens ». Quelques jours après l’annonce, le portail Campus France affichait déjà les nouveaux tarifs : 2 770 euros pour une année en cycle de licence (au lieu de 170 euros actuellement), 3 770 euros pour une année en cycle master et en doctorat (au lieu de 243 euros et 380 euros.
Il faut le dire et le répéter, même si cela peut paraître évident : il s’agit bien là d’une mesure raciste. Cette augmentation des frais d’inscription n’est pas une énième loi d’austérité : un tel acte, antidémocratique qui plus est, marque un profond tournant dans le racisme à l’université. Si le gouvernement gagne, on va voir, par exemple, se transformer radicalement une université comme celle de Paris 8, dans laquelle 1 500 des inscritEs bénéficient de l’aide médicale d’État.
Développer un front antiraciste
Face à de telles attaques, l’heure n’est décidément pas à promouvoir un programme « raisonné » sur l’immigration. Il est plus que jamais nécessaire que l’ensemble du mouvement étudiant réagisse. Alors que nombre d’entre nous occupions nos facs l’an dernier, trop peu avaient convergé vers les appels des collectifs de sans-papiers à manifester contre la loi asile-immigration.
Et pourtant, jusqu’à huit universités ont été occupées par des migrantEs, des dizaines de lycées ont été bloqués contre l’expulsion de l’un ou de l’unE des leurs, et dès à présent des assemblées générales se déroulent dans les universités. L’heure est donc à se doter d’une stratégie pour avancer une orientation dans ce mouvement.
La mobilisation, qui doit être la plus massive possible, doit s’appuyer sur la construction d’une autonomie politique du mouvement des étudiantEs migrants, car l’émancipation des oppriméEs ne se fera jamais sans les oppriméEs. Déjà de premières dates ont été déposées, comme le 1er décembre à 12 h au Panthéon à Paris, pour un rassemblement qui ira possiblement rejoindre le collectif Rosa Parks. Et des initiatives locales se multiplient dans les facs de toute la France.
La perspective du 18 décembre
Partout nous devons chercher à humilier ce gouvernement. Partout, il est nécessaire qu’émergent des fronts pérennes, en mesure de construire un rapport de forces nécessaire à faire barrage au racisme. De multiples occasions vont surgir pour construire un mois de décembre antiraciste : le 1er décembre, le collectif Rosa Parks appelle à manifester suite à une « disparition » des raciséEs le 30 novembre, afin de montrer quelle peut être leur force. Le 18 décembre, toutes les villes et les villages doivent s’enflammer avec les appels à manifester initiés par des cadres unitaires regroupant collectifs, associations, partis et syndicats (voir page 4). Parce que ces augmentations transformeront encore un peu plus les universités, parce que cela écrasera la dignité des étrangerEs, nous devons résister !
Gaël (Paris 13e)