En mai 2008, Hakim Ajimi est mort à la suite d’une interpellation musclée de la police. Une ordonnance de non-lieu vient d’être rendue contre les policiers impliqués. Le comité de soutien réclame justice. Le 9 mai 2008, en plein jour et en plein centre-ville de Grasse (Alpes-Maritimes), Hakim Ajimi, 22 ans, est mort, à la suite de son interpellation par la police.Cuisinier au chômage, Hakim s’en était ce jour-là vivement pris à un employé et au directeur de l’agence du Crédit agricole où il avait tenté sans succès de retirer de l’argent : ceux-ci avaient alors appelé la police. Hakim a été interpellé, quelques minutes après, dans la rue, par deux agents de la brigade anti-criminalité (BAC). Comme il tentait de résister, cinq policiers municipaux et quatre agents de Police Secours ont rejoint la BAC. Onze fonctionnaires de police sont donc impliqués dans la mort d’Hakim.Le rapport d’autopsie et l’expertise complémentaire indiquaient que « le décès résult[ait] d’un mécanisme d’asphyxie mécanique lente avec privation prolongée en oxygène. L’origine de cette asphyxie a résulté prioritairement d’une incapacité de Hakim à assurer des mouvements respiratoires satisfaisants dus à deux causes : d’une part, une compression thoracique empêchant des mouvements respiratoires efficaces (sujet allongé à plat ventre au sol et maintenu par une pression sur le tronc) et d’autre part par un mécanisme de compression du cou par le geste de maintien type clé d’étranglement1, en entravant la circulation du sang et de l’oxygène dans le cou ». Les médecins ayant établi cette expertise parle d’une « mort lente et extrêmement douloureuse ». Malgré tous les éléments scientifiques irréfutables ainsi que la présence de témoins, le juge d’instruction a accordé le statut de témoins assistés aux policiers responsables de la mort de Hakim. La famille Ajimi et son avocat ont alors fait un recours devant la cour d’appel d’Aix qui, en décembre 2009, a statué sur la mise en examen des deux policiers de la BAC pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger pour l’un d’entre eux. Le 6 mai 2010, les deux juges du tribunal de grande instance de Grasse, Catherine Bonnici et Sandrine André, rendaient une ordonnance de non-lieu partielle en faveur des deux policiers de la BAC alors que la Commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS) venait de rendre son rapport qui recommandait des poursuites disciplinaires à l’encontre de l’agent de la BAC pour « avoir maintenu une clé d’étranglement alors que l’usage de la force n’avait plus aucune justification et introduit Hakim à l’arrière du véhicule de Police Secours sans s’assurer de sa sécurité, pour ne pas s’être rendu compte de l’état de détresse de l’interpellé, pour ne pas avoir transmis de consigne à l’équipage chargé du transport et s’être abstenu de porter assistance à Hakim en sollicitant les secours présents sur les lieux de l’interpellation ». La CNDS recommande aussi des poursuites disciplinaires à l’encontre du policier municipal et des quatre membres de l’équipage de Police Secours.La mobilisation paye… mais doit continuerDès l’annonce du décès d’Hakim, une manifestation spontanée a eu lieu dans les rues de Grasse et un comité de soutien « Justice pour Hakim » s’est constitué2. L’engagement du comité de soutien et de citoyen-ne-s (multiples rassemblements et manifestations, organisation et participation à des forums, pétitions, tirage de 5 000 cartes postales, interpellation des responsables politiques) avaient permis la mise en examen des deux agents de la BAC. Malgré la tenue d’un Forum avec l’aide du collectif « Police… Personne ne bouge » et du Forum social des quartiers populaires, de rassemblements et de manifestations, l’ordonnance de non-lieu du 6 mai 2010 montre bien la nécessité de continuer les mobilisations et n’a fait que renforcer la détermination du comité « Justice pour Hakim ». Le comité de soutien demande notamment : - qu’une reconstitution des faits soit effectuée en présence des témoins,- que justice soit rendue de manière impartiale et efficace au défunt, à sa famille, à tous ses proches et à la société, - d’être reçu par le sénateur maire de Grasse, Jean-Pierre Leleux, pour qu’il prenne enfin une position politique digne de ce nom,- que soient interdites, comme dans d’autres pays européens, toutes méthodes d’immobilisation dangereuses employées par les forces de l’ordre, afin d’éviter d’autres blessures graves ou décès. La mort d’Hakim n’est malheureusement pas un cas isolé. Mettons fin à ces graves dérives.Le NPA 06 soutient et participe aux actions du comité « Justice pour Hakim », en condamnant aussi la politique sécuritaire, xénophobe, ouvertement raciste et antijeunes du gouvernement Sarkozy. Le comité Cannes, Grasse, Mouans-Sartoux du NPA 06.
1. L’usage de la clé d’étranglement est condamné depuis plusieurs années par la Cour européenne des droits de l’homme.2. Comité « Justice pour Hakim » constitué des membres de la famille et leurs proches, des citoyen-ne-s, le MRAP, la LDH, Amnesty International, un Temps pour tous, UL CGT, FSU, les Alternatifs, MRC, NPA, PCF, PG, Association des musulmans du Pays grassois, FTCR, AC le Feu, Forum social des quartiers populaires, Police… Personne ne bouge,…