Le 17 juin 2007, Lamine Dieng, un jeune du quartier des Amandiers dans le 20e arrondissement de Paris est mort, étouffé dans un fourgon de police, alors que ses mains étaient menottées, ses pieds attachés avec une ceinture de cuir et qu’il était immobilisé face contre terre.
L’autopsie, absolument accablante, révélait des dizaines d’hématomes sur tout le corps, y compris sur la tête, d’où une hémorragie cérébrale. D’après les témoignages des policiers eux-mêmes, ils étaient cinq à le maintenir par terre en s’appuyant sur lui, pendant 30 minutes, ce qui a fini par l’étouffer. Par leurs témoignages, ils ont donc de fait reconnu avoir causé la mort de Lamine, mais ils ont affirmé qu’ils ne l’auraient pas fait exprès !
« Permis de tuer »Après sept ans, pendant lesquels la justice a fait traîner l’affaire (pour qu’on finisse par l’oublier ?), le verdict vient enfin de tomber : un non-lieu ! Un véritable scandale, une décision honteuse. Les policiers impliqués sont donc libres et certains ont même été promus... Ce n’est pas un cas isolé, qui serait la faute d’un juge corrompu ou d’une entente entre copains, car il y a eu des dizaines d’autres cas de « bavures » couvertes par la justice. À chaque fois qu’un juge ou qu’un ministre de l’Intérieur protège ainsi des policiers, cela nous rappelle à quel point ils ont besoin de leur loyauté pour protéger le système. Samedi 21 juin, comme chaque année, nous étions donc nombreux à manifester dans les rues du 20e. Mais depuis l’annonce du non-lieu, la colère et la volonté de dénoncer ce « permis de tuer » sont encore plus grandes. La sœur de Lamine et tous ceux qui l’entourent sont plus que jamais décidés à aller jusqu’au bout pour obtenir justice…
Ross Harrold