Publié le Jeudi 6 février 2025 à 08h00.

Pays basque : MobiliséEs contre les politiques migratoires

Dimanche 26 janvier, plus de 2 500 personnes ont défilé entre Irun et Hendaye, à l’appel de la campagne « J’accuse », pour dénoncer les politiques migratoires et témoigner leur solidarité envers les sept militants jugés pour avoir aidé 36 personnes à franchir la frontière.

Le procès, prévu initialement le 28 janvier, a été renvoyé à une date ultérieure. Les accuséEs risquent jusqu’à 5 ans de prison et 30 000 euros d’amende.

Face aux accusations de la justice française

La manifestation a rassemblé de nombreuses organisations sociales et politiques, des associations et des plateformes citoyennes, toutes unies pour dénoncer les effets meurtriers des politiques migratoires mises en place par la France et l’Europe. En soutien aux inculpéEs, une collecte de signatures sous forme d’auto-­incrimination a été organisée, permettant à des milliers de personnes d’assumer à leur tour les accusations de la justice française.

Après la lecture de messages en basque, français et espagnol, ainsi que la liste des noms et prénoms de neuf migrantEs morts en traversant la Bidassoa, le silence a été rompu par une minute de bruit assourdissant, symbole de l’indignation collective. La manifestation a ensuite pris la direction du pont international et a parcouru les rues jusqu’au pont de Béhobie. Parmi eux, le comité NPA-l’Anticapitaliste basque ainsi que des camarades venus de Bordeaux.

Criminalisation de la solidarité

Les militantEs sont accuséEs d’avoir aidé des migrantEs à traverser la frontière en mars de l’année dernière, durant la Korrika, la course populaire en défense de l’euskara 1. Cette action de désobéissance s’inscrit dans une mobilisation plus large, visant à soutenir les migrantEs traversant Euskal Herria en fuyant les guerres et la misère. 

Depuis le début de la crise sanitaire en 2020, la présence policière à la frontière d’Hendaye s’est intensifiée. La fermeture des frontières a été utilisée comme excuse pour durcir la répression. En réalité, les contrôles racistes et les expulsions à chaud se multiplient sur les ponts, dans les gares, les transports publics et dans la rue. Expulsées vers le côté sud, les personnes migrantes n’ont d’autre choix que de chercher des alternatives pour suivre leur route, n’hésitant pas à traverser à la nage le fleuve. Contre la politique répressive et raciste des deux États qui, de part et d’autre de la frontière, se refusent à mettre en place des conditions d’accueil dignes, ce sont les citoyennes et citoyens ainsi que les militantEs qui se sont organiséEs pour résister.

En effet, face à ces politiques répressives, la société basque se mobilise depuis des années pour rappeler qu’Euskal Herria a toujours été, et restera, une terre d’accueil. Les milliers de manifestantEs ont ainsi montré que même la répression judiciaire à l’encontre de celleux qui viennent en aide aux migrantEs ne parviendra pas à étouffer l’esprit solidaire de ce peuple.

Koldo Mendi (33)