Publié le Vendredi 5 septembre 2025 à 09h00.

Racisme, un été blanc et sec*

L’été est souvent plus calme pour le militantisme, les mobilisations sont quelque peu à l’arrêt, l’information aussi. Mais ce qui ne se met pas à l’arrêt, ce sont les agressions racistes.   

Mi-août, dans un village de la Creuse, une soirée censée célébrer la fête locale a viré au cauchemar. Sept jeunes, pris pour cibles uniquement parce qu’ils comptaient parmi eux une personne noire, ont subi une véritable traque. Insultes racistes explicites, coups de poing et coups de pied, puis course-poursuite dans les ruelles du village, organisée par des hommes armés de talkies-walkies et de pick-up. « On a entendu : “Il est où ce n*gre, on va le buter” », rapporte un témoin. La principale victime a dû se cacher dans une cave pour échapper au lynchage. La gendarmerie reconnaît des « propos discriminatoires » mais nie la chasse à l’homme. Comme toujours, les autorités minimisent. Dans ce climat, des habitants n’ont pas hésité à répondre aux mobilisations antiracistes par des saluts nazis. 

Les violences racistes se multiplient 

Ce n’est pas un cas isolé. Quelques jours plus tôt, un jeune homme a été percuté par la police en Essonne, tandis qu’à Lausanne, Marvin a été tué lors d’une intervention policière. Les violences racistes, policières ou « ordinaires », explosent, pendant que les institutions s’obstinent à les dissimuler derrière les euphémismes de « bagarre » ou de « dispute de voisinage ». En 2022 déjà, à Charleville-Mézières, une chasse à l’homme similaire s’était soldée par des condamnations… sans jamais que le motif raciste ne soit reconnu. 

Le racisme d’État en action 

Mais le racisme, cet été, n’a pas seulement pris la forme de coups et d’humiliations. Il s’est aussi imposé dans les décisions d’État. Une étudiante palestinienne, inscrite dans une université française, a été expulsée sans ménagement, au mépris de son parcours et de sa dignité. À la suite de cette affaire, le gouvernement Retailleau a choisi de bloquer la venue d’étudiantEs palestinienNEs de Gaza, prétextant de pseudos « risques sécuritaires ». En réalité, c’est un choix politique clair : interdire à des jeunes PalestinienNEs d’accéder à l’éducation, leur fermer une bouffée d’air dans une vie marquée par le siège, les bombardements et la destruction. Là encore, la France a préféré nourrir le racisme d’État plutôt que la solidarité internationale. 

Pas de trêve, pas de silence 

Ces épisodes disent une même chose : le racisme n’a pas de trêve. Il gangrène aussi bien les fêtes de village que les hautes sphères ministérielles. Il tue dans les commissariats, il humilie aux frontières, il expulse des étudiantEs, il interdit aux jeunes de Gaza de venir respirer ailleurs que sous les bombes. Face à cela, les luttes antiracistes doivent elles aussi refuser les vacances. Manifester, témoigner, dénoncer, organiser la solidarité : seule la mobilisation collective peut briser le silence et arracher ces violences à l’invisibilité. Car pendant que les institutions couvrent les agresseurs et multiplient les prétextes, les victimes, elles, n’ont jamais le luxe d’appuyer sur pause. Pas de vacances pour le racisme, mais pas de vacances non plus pour la résistance. 

Commission antiracisme

* Référence : André Brink, « Une saison blanche et sèche »