Publié le Mercredi 22 octobre 2025 à 11h41.

Pour un monde sans police

Lorsqu’on parle « d’abolir la police », on nous répond qu’elle est indispensable. Mais indispensable à qui ? 

Certainement pas aux classes populaires, aux raciséEs, aux manifestantEs mutiléEs ou aux familles de victimes. La police est indispensable à l’État et au capital, pas à la société.

Une institution au service des dominantEs

La police, c’est le bras armé de la domination. Elle protège la propriété privée, pas la vie. Elle fait régner la peur dans les quartiers populaires, dans les usines, dans les manifestations. Elle est l’héritière directe de la répression coloniale : de Bugeaud à Papon, de l’Algérie colonisée aux banlieues d’aujourd’hui, la continuité est totale. Les corps spéciaux – BAC, BRAV-M, CRS (Compagnies républicaines de sécurité) – sont les troupes d’occupation d’un État qui a renoncé à toute justice sociale.

La police républicaine n’existe pas

On nous parle de « police républicaine », de « proximité », de « respect ». Foutaises. Une police au service d’un État capitaliste et raciste ne peut être que violente. Les contrôles au faciès, les arrestations de masse, la criminalisation de la pauvreté et de la jeunesse ne sont pas des dérives, mais des missions.

Abolir la police, ce n’est pas abolir la sécurité. C’est construire une autre forme d’organisation sociale : solidaire, démocratique, collective. Les quartiers populaires le prouvent déjà : auto-organisation, entraide, médiation, gestion des conflits sans recours à la répression. Ce sont ces pratiques qu’il faut généraliser, en même temps qu’il faut affaiblir l’appareil policier.

Des revendications transitoires pour désarmer l’État

Abolir la police commence par des décisions concrètes : réduire les budgets du ministère de l’Intérieur, refuser la construction de nouveaux commissariats et la militarisation du maintien de l’ordre. Il est nécessaire de désarmer la police, d’interdire LBD, grenades et armes de guerre, de dissoudre les corps spéciaux (BAC, BRAV-M, CSI). Nous devons abolir les lois sécuritaires et racistes, à commencer par la loi Cazeneuve. Enfin, il faut mettre fin à l’impunité policière, en supprimant l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) et en instaurant un contrôle populaire indépendant.

Briser la machine répressive

Les luttes contre les violences policières sont aussi des luttes contre la fascisation. Quand plus de 70 % des forces de l’ordre votent à l’extrême droite, quand leurs syndicats dictent la politique sécuritaire du gouvernement, la menace est claire : la police est prête à servir un pouvoir fasciste. C’est pourquoi la défaire, la désarmer, la dissoudre, est une tâche essentielle pour tout projet révolutionnaire.

Nous ne voulons pas d’une « meilleure » police. Nous voulons un monde sans police, sans prisons, sans frontières : un monde où la sécurité ne rime plus avec domination, mais avec justice sociale, égalité, liberté collective.

Zyed et Bouna ne sont pas des victimes isolées, mais les symboles d’un système. Leur mémoire est un appel à l’action : construire, ici et maintenant, les forces capables de briser l’ordre policier et de bâtir une société sans peur.

Vingt ans après, la France officielle commémorera en silence ou dans l’hypocrisie. Nous, nous choisissons de rappeler que la mort de Zyed et Bouna a ouvert une brèche. Dans chaque révolte, dans chaque manifestation réprimée, dans chaque cri « Justice et vérité », cette brèche s’élargit.

Abolir la police, c’est continuer leur combat.

Pour la justice, la dignité et l’égalité : on n’oublie pas, on ne pardonne pas.