Adoptée le 19 décembre par l’Assemblée nationale avec les voix du RN, la loi Darmanin doit être examinée par le Conseil constitutionnel — qui a montré lors de la réforme des retraites ce qu’on pouvait en attendre : rien ! D’ailleurs, Darmanin et ses préfets se réunissent dès le 4 janvier pour « commencer à appliquer le texte ». Il y a urgence à construire une riposte pour être nombreux dans la rue le 14 janvier.
Déchéance de nationalité, préférence nationale, remise en cause du droit du sol... La loi Asile et immigration signe un tournant radical sans précédent. Une ligne rouge vers la fascisation a été franchie.
Une loi raciste et xénophobe
La loi remet en cause le droit du sol. Les enfants néEs en France de parents étrangers devront faire la demande de nationalité française à 18 ans, alors qu’elle était jusque-là, automatiquement attribuée à leur majorité. Quand le droit du sol n’est plus appliqué, c’est le droit du sang qui s’applique !
La loi prévoit que les immigréEs justifient de cinq ans de présence sur le territoire pour bénéficier des aides non contributives. Conditionner des allocations comme l’aide au logement, alors que les exiléEs ne sont pas régulariséEs et ne peuvent pas travailler légalement, c’est assumer de vouloir les chasser. Les refuser dans les hébergements d’urgence, comme le prévoit la loi, c’est assumer de vouloir les mettre en danger de mort.
La loi immigration n’épargne pas les étudiantEs qui sont aujourd’hui les plus nombreuxEs immigréEs de France. La loi prévoit d’imposer une caution de retour dont le montant sera fixé par décret. Cynisme contre les nombreuxEs étudiantEs étrangerEs en France !
La loi prétend créer les quotas migratoires. Le gouvernement offre une victoire idéologique à l’extrême droite par cet article qui permet au Parlement de plafonner l’immigration en fonction de la nationalité. Il donne tout simplement le droit de trier les immigréEs selon les besoins économiques du patronat. Le pouvoir arbitraire préfectoral, une fois encore sort renforcé par cette loi.
Tapis rouge pour le RN
Pour faire voter sa loi xénophobe, le gouvernement devait rassembler largement. Darmanin l’a fait avec les revendications de LR repennant celles du RN, comme il l’a fait contre les femmes portant l’abaya, contre les jeunes révoltés des quartiers populaires, contre les migrantEs des camps de Calais, contre les habitantEs de Mayotte lors de l’opération Wuambushu. Il construit ainsi la victoire du RN !
Mais la riposte se construit : des départements de gauche annoncent qu’ils refuseront d’appliquer la loi si elle est promulguée. Les associations appellent à la désobéissance. La journée nationale du 14 janvier doit être un temps fort de mobilisation avec un objectif clairement identifié : le retrait de cette loi ! Le retrait !
Il faudra sans doute d’autres mobilisations, massives, descendre encore dans la rue pour exiger une tout autre politique migratoire : un accueil inconditionnel avec la régularisation de droit pour tous et toutes les migrantEs, la liberté d’aller et venir, de circuler et de s’installer. Pour que l’accès égal à l’ensemble des droits (santé, logement, travail, école) ne soit plus un vain mot !
Lutter contre la loi Darmanin, c’est lutter avec et pour les droits des migrantEs, mais c’est aussi se battre contre l’idéologie du RN. Nous serons là tant qu’il le faudra !