Les conflits contre les licenciements ou pour les salaires se multiplient chez les équipementiers, bloquant des sites de production automobile.
Le secteur équipementier automobile est au centre de la tourmente capitaliste. Les constructeurs ont externalisé cette fabrication pour baisser leurs coûts par la mise en concurrence. En peu de temps, de nouvelles multinationales sont apparues dans une immense valse d'ouvertures et de fermetures d'entreprises dans le monde (953 fusions-acquisitions de 1990 à 2003).
Aujourd'hui, les équipementiers sont la cible privilégiée des spéculations boursières sur le dos des salariés qu'on jette après les avoir pressés comme des citrons. On assiste dans ce contexte à une multiplication des résistances et des luttes. On connaît Continental, Faurecia, Trèves, Visteon mais il y a des dizaines d'autres luttes moins médiatisées. Prenons deux exemples.
Faurecia a annoncé la fermeture de son usine d'Auchel (Pas-de-Calais) avec 179 suppressions d'emplois et le reclassement des 329 autres. Après 21 jours de grève, la grève a repris de plus belle, le 23 avril et plus de 400 salariés bloquent l'usine. Comment croire en effet à la garantie de l'emploi quand on est reclassé dans une usine qui licencie déjà ? La grève bloquant la production d'automobiles dans la région, les patrons utilisent la violence : charge des CRS pour faire sortir les stocks, blocage du site par des vigiles, sanctions contre les grévistes allant jusqu'au licenciement, assignation au tribunal avec astreinte de 1000 euros par jour de blocage et par personne, saisies sur salaires. Des salariés d'autres sites ont été requis pour travailler mais n'ont pu franchir les portes de l'usine. Sur ces autres sites, des appels à ne pas aller travailler à Auchel ont entraîné des grèves de solidarité. Aujourd'hui, la direction a dû reculer: levée des sanctions, maintien du site avec 60 emplois. C'est une première victoire et les grévistes continuent de bloquer.
Visteon, à Rougegoutte (Territoire-de-Belfort), où on fabrique les planches de bord pour PSA, n'est pas menacé de fermeture. Par contre, on demande toujours plus d'efforts, travailler les samedis, parfois le dimanche soir ou le 2 mai avec des salaires à peine au-dessus du Smic. Plus de 70% des 385 salariés, auxquels se rajoutent 200 intérimaires, se sont mis en grève, le 4 mai, pour demander une augmentation de 250 euros nets par mois après que la direction a proposé une augmentation de 18 euros. Plusieurs sites d'autres équipementiers de la région sont bloqués comme l'essentiel des usines de montage de Sochaux et Mulhouse. Bien décidés à jouer du flux tendu jusqu'au bout, les travailleurs de Visteon n'ont pas le sentiment de demander une augmentation, mais la juste rétribution de leurs efforts.
Il y a à l'heure actuelle une volonté populaire de ne pas se laisser écraser que ce soit sur les licenciements ou sur les salaires. Tous ces conflits devraient être unifiés pour gagner bien plus d'efficacité.