Rapport après rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), révèle une situation de plus en plus alarmante. Le cinquième rapport ne fait pas exception.
La conclusion du premier volet paru en septembre 2013 était très claire : « Les activités humaines, notamment l’usage des énergies fossiles, a conduit à une hausse exceptionnelle de la concentration des gaz à effet de serre. Ces gaz à effet de serre transforment le climat à un rythme jamais vu par le passé. » Le deuxième volet présenté le 31 mars à Yokohama au Japon, porte sur les impacts déjà observés et prévisibles. Il avertit : « La probabilité d’impacts graves, étendus et irréversibles s’accroît avec l’intensification du réchauffement climatique ». Il cerne plus précisément les dangers en identifiant huit risques clés. Les deux premiers sont liés aux inondations, dues soit à l’élévation du niveau de la mer qui menace les zones côtières et les petits États insulaires, soit à des crues majeures menaçant des populations urbaines de plus en plus nombreuses. Viennent ensuite les événements météorologiques extrêmes qui peuvent provoquer la rupture de services vitaux tels que l’électricité, la distribution d’eau et les services de santé et d’urgence, les périodes de chaleur extrême particulièrement à redouter dans les villes ainsi que pour celles et ceux qui travaillent à l’extérieur. Les petits agriculteurs et les éleveurs sont concernés par les menaces sur la production agricole dues en particulier aux problèmes d’accès à l’eau, potable et d’irrigation, tandis que les risques d’insécurité alimentaire pèsent sur les populations les plus pauvres. Enfin, les risques de perte d’écosystèmes tant marins et côtiers que terrestres ou d’eaux douces menacent gravement toute la biodiversité.
Des catastrophes plus graves et plus fréquentes
Ce nouveau rapport est un catalogue de drames humains, sociaux et écologiques. Pour entrevoir l’ampleur de ces catastrophes plus graves et plus fréquentes il suffit de se souvenir de la Nouvelle Orléans dévastée par l’ouragan Katrina en 2005, des inondations au Pakistan en 2010, de la sécheresse et la famine en Éthiopie en 2011, des incendies de forêt au Colorado en 2012, du typhon Haiyan aux Philippines en 2013… Chacune de ces catastrophes témoigne de ce que les experts appellent pudiquement la « distribution inéquitable des impacts » ou dit plus clairement : ce sont les pauvres qui paient la facture du réchauffement provoqué par les riches. À celles et ceux qui pensent que ce rapport est exagérément alarmiste, il faut rappeler que chaque nouveau rapport valide les hypothèses les plus pessimistes des rapports précédents.
Le libéralisme comme réponse à la crise climatique ?! La conclusion de Chris Field, l’un des coprésidents du groupe de travail, est stupéfiante : « Les changements climatiques posent un problème de gestion des risques, on dispose d’une vaste gamme de possibilités d’intégration de l’adaptation au développement économique et social ». Après une allusion « aux initiatives visant à limiter le réchauffement à l’avenir », il reprend : « Il est certain que nous sommes confrontés à des problèmes, mais si on les comprend et qu’on les aborde de façon créative, on peut faire de l’adaptation à l’évolution du climat un moyen important de créer un monde plus dynamique à court et long terme. » Stupéfiante... mais cohérente avec les mesures néolibérales proposées qui, depuis la conférence de Rio de 1992, ne font qu’aggraver les risques environnementaux et l’injustice sociale : partenariats public-privé, prêts, paiements pour services environnementaux, hausses de prix sur les ressources naturelles, taxes et subsides, normes et régulations, partage du risque et mécanismes de transfert. Si on y ajoute les projets d’apprentis sorciers d’ingénierie du climat qui figuraient pour la première fois dans le premier volet, il est urgentissime que le mouvement social prenne l’offensive à l’occasion du prochain sommet sur le climat qui se tiendra à Paris fin 2015. C’est le seul moyen d’éviter la catastrophe.
CorrespondantEs de la commission nationale écologie