Publié le Jeudi 11 décembre 2025 à 12h00.

L’Indonésie frappée par une catastrophe climatique

Un puissant cyclone a provoqué des inondations et glissements de terrain meurtriers. Le bilan s’annonce très lourd et la politique de (non) prévention des risques du pouvoir est une nouvelle fois mise en cause.

Une semaine après le passage du cyclone, il est toujours impossible de mesurer l’ampleur des dévastations dans trois provinces de l’archipel. Plus de 900 personnes ont perdu la vie, de nombreuses autres sont portées disparues, plus de 100 000 habitations ont été détruites, des villages entiers ont été rayés de la carte, la population sinistrée, déplacée, se compte probablement en millions. La famine menace dans des zones reculées. Les témoignages de survivantEs disent la gravité de la situation, une famille ayant, par exemple, passé trois jours sur le toit de sa maison sans boire ou manger, en attendant la décrue de l’inondation.

Crise climatique 

Ces derniers jours, des déluges de pluie se sont aussi abattus sur la Thaïlande, la Malaisie, le Vietnam et, tout particulièrement, le Sri Lanka. Leur ampleur serait due à une combinaison rare de facteurs météorologiques — cependant, la multiplication de phénomènes dits « exceptionnels » est l’une des conséquences d’une crise climatique globale qui ne cesse de s’approfondir. Les militantEs environnementaux soulignent à quel point les dévastations ont été aggravées par la déforestation, provoquée notamment par l’industrie minière ou l’agrobusiness, et facilitée par la corruption endémique dans l’administration.

Crise politique 

L’été dernier, l’Indonésie a été le théâtre de l’une des principales « révoltes générationnelles » contre la corruption des élites, dont l’Asie a été l’un des épicentres, nombre de parlements (national et régionaux) ayant été incendiés. L’écho régional de cette révolte a été d’autant plus important que l’archipel compte quelque 290 millions d’habitantEs, à la charnière de l’océan Indien et du Pacifique. Un géant.

Après un temps d’hésitation devant la massivité de la protestation, le président Prabowo Subianto a opté pour le durcissement. Des milliers de personnes ont été arrêtées. Une liste noire d’auteurEs progressistes (de Karl Marx au célébré écrivain indonésien Pramoedya Ananta Toer) a été établie. Posséder leurs ouvrages est décrété être un acte criminel. Depuis, la crise politique n’a cessé de progresser, l’armée renforçant sa main au sein du régime et, provocation ultime, le dictateur Suharto, responsable de l’une des plus grandes tueries de l’histoire, étant proclamé « héros national ».

Répression et résistances démocratiques

Les mouvements progressistes sont aujourd’hui menacés par la répression, pour étouffer toute contestation populaire. Cependant, la société civile indonésienne a des décennies d’expérience. Mentionnons notamment Kontras, la Commission pour les personnes disparues et victimes de violence, qui se mobilise. Un syndicat des prisonniers politiques a été constitué en octobre. Le mouvement Femmes libres et l’Alliance des femmes indonésiennes, que nous avons soutenues, ont joué un rôle très actif dans les résistances démocratiques. Nous leur exprimons notre solidarité.

Pierre Rousset