Le succès des marches pour le climat, le 8 septembre, est une excellente nouvelle. Alors que les précédentes initiatives du même type n’avaient réuni que quelques milliers de personnes en France, ce sont des dizaines de milliers de manifestantEs, souvent jeunes et en majorité des femmes, qui sont descendues dans les rues de toutes les grandes villes.
Alors qu'elles ont été organisées en quelques jours, la réussite des marches est une bonne surprise, une illustration supplémentaire qu’un événement peut toujours bousculer la routine. La succession de catastrophes dues au dérèglement climatique – canicule, sécheresses, inondations, incendies de forêts, cyclones – qui a marqué l’été provoque une prise de conscience. Le bouleversement climatique n’est plus une menace lointaine dans le temps et dans l’espace, ses effets sont visibles ici et maintenant.
« Hulot démissionne, pas nous ! »
Dans ce contexte, la démission de Hulot, à la fin du mois d’août, a eu un effet collatéral imprévu. L’épisode Hulot dans le gouvernement Macron est une illustration criante que l’écologie n’est pas compatible avec les politiques libérales menées par des gouvernements aux ordres des grands groupes industriels et bancaires, des lobbys des énergies fossiles, du nucléaire, de l’agro-industrie, de la chasse, des bétonneurs... Les politiques qui se limitent à des effets d’annonces, quand elles n’aggravent pas purement et simplement la situation, deviennent insupportables, et l’inaction devient criminelle.
L’appel à manifester, diffusé sur les réseaux sociaux, a rencontré un écho immédiat. Les associations qui préparaient la journée mondiale pour le climat ont immédiatement saisi l’opportunité de lui donner une dimension inédite. Elles ont proposé de fusionner les appels. Le pari est réussi.
Mais malgré ce succès, nous sommes encore loin du raz-de-marée, de la mobilisation générale durable que nécessite l’état d’urgence climatique. Pour ne pas rester sans lendemain et sans efficacité, cette étape doit déboucher sur la construction d’un vaste mouvement pour la justice climatique, pour imposer la sortie des énergies fossiles et l’arrêt du nucléaire, le passage à une agriculture écologique et paysanne, des transports publics gratuits...
Une révolution culturelle à accomplir
Le succès a largement reposé sur le constat que « les politiques ne faisant rien, à nous de tout changer », en écho à la déploration de Hulot sur l’absence d’une « société structurée qui descend dans la rue ». La dimension individuelle et personnelle de la mobilisation, lisible dans les multiples pancartes, est indispensable mais insuffisante. L’absence du mouvement syndical souligne dramatiquement la révolution culturelle à accomplir dans le mouvement ouvrier pour qu’il se saisisse de cette question et jette ses forces dans un combat qui concerne en premier lieu les exploitéEs et les plus pauvres.
Il y a un besoin urgent d’une politique écosocialiste qui exproprie les capitalistes et « change tout » : la production, la consommation, la circulation des biens et des services, qui organise une planification démocratique, autogérée, pour à la fois satisfaire les besoins sociaux et limiter au maximum les effets sur l’environnement.
Commission nationale écologie