Après les marches mondiales du 19 mars, plus de 600 organisations avaient appelé à près de 200 évènements en France le 28 mars. Des dizaines de milliers de manifestantEs se sont retrouvés dans les rues, malgré la crainte de la pandémie, malgré les mesures sanitaires strictes.
À la veille de la discussion du projet de loi « Climat et résilience » à l’Assemblée nationale, il fallait marquer le coup et montrer notre exigence de mesures fortes dans la lutte contre le réchauffement climatique. Qui peut encore croire que les objectifs que la France s’est fixés seront atteints ? Le futur projet gouvernemental ne permettra pas de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % d’ici 2030. En sachant que l’objectif européen est une baisse de 55 %, et que les scientifiques recommandent une réduction de 65 %…
Une Convention citoyenne ? Et hop, y’a plus rien !
Comme l’ont dit les organisations impliquées : « Le gouvernement, après s’être renié sur de nombreux sujets et avoir été reconnu coupable d’inaction climatique, a mis de côté ou considérablement amoindri les propositions de la Convention citoyenne pour le climat que cette loi était censée reprendre. » Et il est indispensable de reprendre la rue.
Par un tour de passe-passe bien rôdé, Macron a cru enfumer son monde en créant la Convention citoyenne pour le climat. Les 150 participantEs tirés au sort ont proposé 149 mesures pour faire baisser les émissions de GES. La loi Climat et résilience les avait déjà copieusement dénaturées. Après son passage en commission spéciale de l’Assemblée, la loi est encore plus rabougrie à coup d’exceptions (sur les consignes de verre), de recul (sur la rénovation énergétique), de délais (sur l’artificialisation des terres), d’exclusion (du e-commerce). Quant aux mesures sur la pub, c’est Publicis qui a tenu le stylo… La future loi ne permettrait même pas de faire 10 % du chemin à parcourir pour ralentir le réchauffement.
« La justice climatique est synonyme d’un changement social radical »
Cette déclaration d’une porte-parole de Youth for Climate liant urgence climatique et changement social montre que l’idée de sortir du système capitaliste gagne du terrain, se discute, se partage. Le rapport entre justice sociale et justice climatique est de mieux en mieux compris, évident. Le fameux « Fin du monde, fins de mois, même combat » des Gilets jaunes est plus que jamais d’actualité.
Les organisations impliquées dans les marches climat exhortent les députés, qui discutent du projet de loi Climat et résilience depuis le 29 mars, à agir, « notamment s’agissant de la rénovation thermique des bâtiments, de la réglementation de la publicité et de l’utilisation des engrais azotés, du recours aux menus végétariens dans la restauration collective, de la lutte contre l’artificialisation des sols, de la limitation des vols intérieurs en avion ou la responsabilité climat des grandes entreprises ».
Nous n’avons pas grand chose à attendre de ces débats, les députés LREM majoritaires, fidèles aux ordres du chef, vont voter une énième loi inutile pour le climat, mais bien conforme aux intérêts des capitalistes, qui ne changera en rien la politique des secteurs si fortement émetteurs de GES : logement, transports, industries pétrolières, gazières, chimiques, armement, publicité, énergie.
Défendons un programme écosocialiste !
C’est le moment ! L’urgence climatique met en accusation Macron et sa politique criminelle. Le lien est fait avec sa politique de destruction du service public de santé, inhumaine à l’égard de la jeunesse, autoritaire, raciste et ultra-répressive. Partout des projets inutiles et imposés sont combattus par un nombre grandissant de personnes, projets sortis d’un modèle de développement de plus en plus contesté. Il est grand temps de mettre en avant cette volonté nouvelle et forte d’en finir avec le système, de rebâtir d’autres modèles sociaux et économiques. Macron et tous les « Macron compatibles » n’éteindront pas les colères et la volonté de transformation des sociétés.