À l’occasion des grèves scolaires pour le climat du 24 mai, nous étions encore des centaines de milliers à nous réunir dans les villes de 120 pays.
On pouvait croiser 15 000 manifestantEs à Paris ou 3 000 à Nantes mais aussi 700 manifestantEs à Valence, lors de marches regroupant lycéenEs et collégienEs. C’est par centaines que se portaient des pancartes rivalisant d’inventivité : du désormais classique « Votre planète, vous la voulez bleue ou bien cuite ? » au plus éloquent « Sauver les banques, une évidence, sauver la planète, quelle importance ? » Moins de monde que le 15 mars, mais, peut-être, plus de préparation pour des jeunes cherchant des réponses au-delà des seules actions individuelles ou de la soupe au « développement durable » proposée par les programmes scolaires.
Et 1, et 2, et 3… bulletins de vote ?
Les manifestations avaient lieu en plein scrutin européen, du 23 au 26 mai. Et les organisateurEs, notamment Youth For Climate, le répétaient sur tous les tons : il faut bien voter. Une déclinaison de la position générale des « leaders » de la mobilisation climat se donnant pour principale perspective d’influencer les politiciens. Le soir même du 15 mars, les députés votaient, pourtant, un amendement décalant de 3 ans l’interdiction de la production d’une longue série de pesticides…
En tout cas la gauche, très présente aux marches, ne s’y est pas trompée. Jadot pouvait affirmer que « pour sauver le climat et la biodiversité, c’est le vote EÉLV qu’il faut choisir », au coude à coude avec Glucksmann, candidat du PS, défendant « l’écologie de gauche, la vraie ». Difficile de dire précisément à quel point l’objectif électoral convainc les jeunes, notamment celles et ceux qui n’ont pas encore le droit de vote. Il est probable que faute d’autres perspectives, celle-ci fasse figure de solution raisonnable. Mais peu de discussions relatives aux élections dans les manifestations, et encore moins sur le casting et les candidats.
Écologie et révolution
Depuis janvier, les consciences commencent à évoluer et certainEs se tournent vers des actions ciblées. Vendredi matin, 135 jeunes ont envahi la mairie du 19e arrondissement de Paris pour décrocher le portrait présidentiel de Macron, portrait fièrement brandi dans la manifestation de l’après-midi. C’était la 40e action du genre, organisée par Action non-violente COP 21. Des dizaines de personnes sont passées par la garde à vue pour avoir seulement décroché un portrait. Des procès sont déjà prévus.
Cela pose la question de vers qui diriger les coups. Les grands capitalistes, orientés exclusivement vers l’accroissement de leurs profits, sont les responsables de l’exploitation des ressources naturelles et des êtres humains, et c’est tout l’appareil d’État qui est à leur service. Résoudre la crise écologique ne se fera que le jour où on se sera débarrassé de ce mode de production qui pollue et qui exploite.
Bastien Thomas