Pour faire face aux grands problèmes qui sont devant nous (effondrement de la biodiversité, changement climatique, artificialisation des terres, pollution de l’air et de l’eau…), à elles seules les luttes contre les projets destructeurs menés par les capitalistes ne suffiront pas.
Ces résistances, si elles sont essentielles à l’heure où chaque tonne de CO2 émise compte, ne peuvent que retarder les effets de la crise globale d’un mode de production qui a comme seul horizon et comme unique préoccupation l’augmentation du nombre de marchandises produites pour maximiser les profits d’une minorité, au détriment des besoins sociaux. Nous voulons nous servir de la campagne de Philippe Poutou pour proposer une solution politique globale qui s’attaque au problème par la racine. Il s’agit de produire et transporter moins, de partager plus et de prendre soin des êtres humains et de l’ensemble du vivant. Cette alternative politique, nous la nommons écosocialisme.
Exproprier les pollueurs, planifier la production
Un tel projet, pour être mené à bien, est nécessairement anticapitaliste. D’abord, car il faut empêcher les grandes multinationales de l’énergie de puiser le pétrole et le gaz dont elles possèdent déjà les gisements et pour lesquels elles ont investi dans des structures pour les extraire ou les transporter. Ensuite il n’est plus possible de laisser toute liberté au secteur financier pour investir dans les projets les plus polluants parce que les plus rentables au lieu de financer la transition écologique. Les banques et les entreprises responsables de la destruction de notre environnement doivent être expropriées et socialisées. Ces nouveaux secteurs publics devront permettre de sortir des énergies fossiles et du nucléaire, de diminuer la consommation globale d’énergie, de développer les énergies les moins émettrices de CO2 et d’isoler tous les logements.
En mettant des secteurs entiers de l’économie à l’arrêt, la pandémie a démontré que certaines activités étaient plus nécessaires ou utiles que d’autres. Cela prouve qu’il est possible de réduire le volume de la production d’énergie et de marchandises. Pour cela nous devons faire l’inventaire de tous les transports et de toutes les productions inutiles (comme la publicité) ou nuisibles (comme l’armement) et les supprimer. L’économie devra être organisée pour répondre aux besoins de la population, que personne ne peut déterminer à sa place.
Produire moins, vivre mieux
Cette restructuration de l’économie pour répondre aux besoins de la population ne peut se faire qu’avec la participation active de touTEs les salariéEs, y compris de celles et ceux dont le secteur d’activité doit disparaître ou être transformé. Leurs connaissances ont un rôle déterminant à jouer, que ce soit pour contrôler la manière dont on produit et le respect des normes écologiques ou pour imaginer de nouvelles solutions aux problèmes écologiques en dialogue avec les usagerEs. Il faut donc garantir à chacunE la possibilité de se former et de changer d’activité tout au long de sa vie en interdisant les licenciements et en garantissant la continuité des salaires, des droits et des statuts.
La diminution de la production va de pair avec la réduction et le partage du temps de travail, car c’est l’antidote au chômage et à la précarité, mais aussi la condition pour avoir le temps de se former, prendre part à la vie collective, prendre soin de soi et des autres et participer à la prise de décision politique.
Prendre soin, mettre en commun
La démarchandisation globale de la société que nous proposons fonctionne sur les principes de la gratuité et de la protection sociale qui doivent être la norme pour ce qui concerne les besoins essentiels : se loger, se déplacer, se nourrir, se chauffer, se soigner, étudier… Par exemple, les transports en commun doivent être développés et devenir gratuits. L’accès aux biens communs suppose aussi la levée des brevets et la garantie d’accès aux productions scientifiques et artistiques.
La priorité doit être donnée aux soins. La socialisation des tâches essentielles de santé, d’accueil des enfants, des personnes âgées par des services publics organisés et contrôlés par les salariéEs et les usagerEs, est indissociable du combat féministe contre la division genrée du travail et pour le partage des tâches. Nous devons développer une culture du prendre soin qui mette au centre des préoccupations sociales notre santé, la qualité de nos relations sociales, l’éducation et notre environnement.
Enfin une grande partie des activités doivent être relocalisées, à l’exemple de l’agriculture qui doit impérativement conserver les sols, préserver les paysages, supprimer les intrants chimiques, c’est-à-dire rompre avec son fonctionnement productiviste actuel. Cette nouvelle agriculture devra accompagner la végétalisation de l’alimentation nécessaire pour en finir avec l’élevage industriel, maltraitant pour les salariéEs et les animaux, polluant, coupable de la déforestation et de l’expulsion des populations indigènes de leurs territoires.