Publié le Mercredi 28 février 2024 à 11h30.

Qui sème la misère agro-industrielle récolte la colère paysanne !

Mardi 27 février, les agriculteurEs menés par la Confédération paysanne ne sont pas trompés de cible en allant occuper le stand de Lactalis au Salon de l’agriculture, y déployant en particulier une banderole « Droit au revenu paysan ». Trois jours plus tôt, c’est la visite de Macron au Salon qui avait été on ne peut plus mouvementée : l’ouverture du Salon reculée, les forces chargées de le protéger bousculées, le président de la République largement hué… 

En effet, le mouvement agricole qui secoue le pays depuis un mois ne se satisfait pas des plans de communication du gouvernement et des petits effets d’annonce. Face à la colère qui ne faiblit pas, Macron a dû se résoudre à annoncer l’objectif de mettre en place « des prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole et de ne pas céder à toutes les pratiques les plus prédatrices qui aujourd’hui sacrifient nos agriculteurs et leurs revenus »... cela sous le regard de Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture qui, il y a à peine un mois, n’y voyait là que « des mesures démagogiques » portant « une concurrence déloyale » !

Un retour à la raison de la part de la macronie qui, en novembre dernier, avait voté contre une proposition de loi de LFI défendant la mise en place de ces prix planchers ? En réalité, on ne connaît pas encore les modalités de cette mise en application — si mise en application il va y avoir — et la gauche paysanne a raison de se méfier de Macron et des capitalistes de l’agro-industrie. Une catégorie dont fait bien partie Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA… et du groupe Avril, dont le chiffre d’affaires était proche des 9 milliards en 2022 ! Certes, encore loin des 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 du géant mondial du lait, un certain Lactalis qui avait ainsi détrôné Danone du fauteuil de leader français de l’agroalimentaire…

Des profits indécents d’un côté, des travailleurs pauvres de l’autre, on connaît cette histoire par cœur. Pour un partage des richesses, seule la mobilisation peut payer : pour établir des prix planchers garantissant la rémunération du travail et de la protection sociale ; pour stopper les accords de libre-échange, outils de la mise en concurrence généralisée ; pour la suppression des dettes et la lutte contre l’accaparement des terres agricoles, le refus de leur concentration autour de fermes-usines autant que le combat contre l’artificialisation.