Du 20 au 22 juin se tient le sommet Rio+20 dans le cadre de l’ONU, 20 ans après celui qui avait débouché sur la signature de trois conventions internationales sur le changement climatique, la biodiversité et la désertification. Qu’attendre de ce sommet ? Rien, sinon peut-être des reculs. Les textes issus du sommet de 1992 mêlaient avancées et dangers. Les premières sont restées virtuelles, alors que les dangers se sont concrétisés : le développement durable a servi d’emballage à un déchaînement capitaliste destructeur socialement et écologiquement. La marchandisation de la nature n’a cessé de progresser, de marché de permis d’émission en compensation carbone, de mécanisme REDD en explosion des accaparements de terre. Et, bien plus que Rio, c’est la création, deux ans plus tard, de l’OMC, armature institutionnelle internationale de la mondialisation capitaliste en cours, qui a donné le la aux deux dernières décennies. En 2002, à Johannesburg, pour la première fois, un sommet international ne débouchait que sur une déclaration d’intention. En 2009 à Copenhague, la convention sur le changement climatique échouait de manière retentissante.
Aujourd’hui, le sommet officiel s’ouvre dans le contexte de la crise économique, et la concurrence à l’échelle mondiale entre multinationales conduit à une ruée inédite sur la nature et ses ressources. C’est à cette aune qu’il faut apprécier la promotion de « l’économie verte », un des principaux objectifs des organisateurs du sommet. Il ne s’agit pas de soumettre le fonctionnement économique aux contraintes écologiques et à la satisfaction des besoins sociaux, mais de donner une valeur monétaire à la nature et ses ressources pour accélérer sa marchandisation. Bref, de franchir une nouvelle frontière pour le capital, lourde de régression et de destruction. Nulle surprise dès lors sur le fait que certains acquis des conventions précédemment signées soient menacés, comme la reconnaissance d’une responsabilité commune mais différenciée des États dans la situation écologique actuelle.
L’espoir ne peut venir que de ceux et celles qui s’opposent radicalement à la logique marchande universelle, et organisent un contre-sommet à Rio même, qui se décline au niveau international par des initiatives dans de nombreux pays. Unifier la résistance des travailleurs et des paysans à l’échelle internationale, globaliser les luttes, affirmer qu’une alternative est possible, est la seule voie d’avenir face à la barbarie qui vient.
Laurent Menghini