Les travaux du barrage de Sivens étant arrêtés depuis un peu plus de 4 mois suite à la mort de Rémi Fraisse, le conseil général du Tarn devait décider lors de sa session du vendredi 6 mars des suites à donner à ce projet...
Après avoir tenté de passer en force coûte que coûte au prix d’un mort, les promoteurs du projet avaient dû faire machine arrière tant il était décrié... Même l’expertise commandée par Ségolène Royal avait abouti à la conclusion que le barrage était clairement surdimensionné, et la Commission européenne, estimant que le projet enfreignait les directives européennes sur l’eau, avait procédé en novembre dernier à une mise en demeure.
Nouveau coup de forceFace à cela, les partisans du barrage ont su employer les gros moyens et mettre sur pied de véritables milices aux méthodes fascistes pour terroriser les opposantEs : depuis plusieurs semaines, intimidations, vols, destructions de biens, menaces de mort et agressions des opposantEs se sont ainsi multipliés dans l’impunité la plus totale, voire avec la bienveillance des pouvoirs publics.Constituées sous couvert de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs en mobilisant sur tous les départements alentours, ces milices rassemblent toute une faune d’extrême droite et en particulier du FN, y compris des candidats FN aux prochaines départementales. La situation a pris un tour particulièrement tendu cette dernière semaine avec l’organisation d’un véritable blocus de la ZAD du Testet, empêchant toute entrée ou sortie, même les ravitaillements en vivres, et multipliant les exactions.C’est sur ce contexte que s’est appuyé le conseil général pour passer en force, en relançant à la quasi-unanimité (seuls deux élus PCF et un élu écologiste ont voté contre) la construction d’un barrage « redimensionné » sur le même site, sans toutefois en préciser les dimensions... Cette décision ravit la FNSEA et a même fait dire à un élu UMP : « Je vote pour le texte du président, mais pas pour la proposition 1 des experts. Si l’on rouvre la discussion, je ne tiens pas à ce qu’on positionne déjà la digue, et qu’on chiffre le volume de la retenue ».Dans cette résolution, le conseil général demande également à l’État l’expulsion sans délais de la ZAD, mettant fin le jour même avec l’appui des milices à presque un an et demi d’occupation.
Leur monde et le nôtreOn peut regretter que cette situation ait été grandement aidée par l’absence ou la frilosité de pas mal d’organisations de la gauche politique, syndicale et associative, mais pour autant les opposantEs ne sont pas abattus. Tout le week-end, ils ont tenté des rassemblements et assemblées générales, auxquels ont répondu des mesures d’exception ahurissantes. Ainsi l’interdiction d’accès de Gaillac « aux zadistes » par arrêté préfectoral (il n’est pas précisé comment on différencie un « zadiste » d’un « non-zadiste », mais on devinera aisément que c’est au faciès), puis l’interdiction d’un pique-nique militant à Lisle-sur-Tarn, sans pour autant réussir à empêcher l’assemblée de se tenir.Il va maintenant être important de faire les bilans pour mieux rebondir, car les enjeux dépassent largement le barrage de Sivens. Si cette lutte mobilise aussi largement bien au-delà de la vallée du Tescou, c’est bien parce qu’à travers ce barrage, deux mondes s’opposent. D’un côté celui du FN, de la FNSEA, des capitalistes et de leur agro-industrie productiviste, avec le soutien sans faille de Valls et sa clique. De l’autre, celui des zadistes, d’une jeunesse inventive et radicale, des écologistes, libertaires, anticapitalistes, pour un autre modèle de société.La lutte continue pour dire non au barrage et à son monde !
CorrespondantEs de la commission nationale écologie