La course transatlantique de voile en solitaire qui part tous les quatre ans depuis 1978 de Saint-Malo est cette année très contestée.
Actif depuis une vingtaine d’années sur le pays malouin, notre courant politique n’a jamais été indifférent à la course nautique transatlantique la Route du Rhum qui relie tous les quatre ans Saint-Malo à la Guadeloupe. D’autant que depuis au moins deux éditions, cet événement sportif et festif a pris une ampleur considérable mettant en jeu une débauche d’énergies locales et de moyens financiers et techniques.
Gigantisme de la manifestation
À la fin de l’été, le comité avait décidé de mener campagne contre le gigantisme et le caractère déraisonnable qu’a pris cette manifestation. Plusieurs « chroniques du Rhum » ont été rédigées dans notre bulletin local Rouge Émeraude1 sur ses aspects financiers, commerciaux et environnementaux, mais aussi sur la question mémorielle. Le passé négrier des armateurs malouins et leur participation active à la traite esclavagiste transatlantique ne pouvant plus être occultés localement.
Nous n’imaginions pas alors l’ampleur de la contestation locale et nationale qui s’est levée mêlant aux prises de position des associations environnementales2, celles de professionnels de la voile3, celles de milieux locaux habituellement plus que modérés ainsi que celles de secteurs de gauche (LFI, coordination locale Le Monde d’après), le tout médiatisé par le Canard enchaîné et le Monde.
Impact écologique
Nous ne sommes rétifs ni à la voile ni à la fête, mais jusqu’au départ de la course le 6 novembre nous menons campagne.
Nous dénonçons l’impact écologique de l’événement au moment où on nous serine sur tous les tons l’obligation de sobriété énergétique et de protection de la diversité, et où la surconsommation d’eau potable fait peser une menace de coupures d’eau dans les semaines à venir.
Nous dénonçons la privatisation des espaces publics de la ville, voire de la mer, permettant une marchandisation éhontée par des mercantis et profiteurs locaux, à laquelle s’ajoute un subventionnement public sans contrôle de l’organisateur OCSport.
Nous réclamons que la communauté locale fasse la place qui s’impose, dans les activités patrimoniales, culturelles et éducatives, au crime contre l’humanité que fut cet indigne et raciste commerce du « bois d’ébène » sur lequel quelques dizaines d’armateurs et négociants malouins ont bâti aux 17e et 18e siècles leur fortune...
Si un quadrillage policier et militaire considérable a été mis en place en ville, les effectifs des soignantEs à l’hôpital sont demeurés, eux, très insuffisants pour faire face à l’afflux de patientEs que génère immanquablement un tel événement. De fait, les urgences hospitalières, déjà surchargées d’ordinaire, sont débordées. Une alerte « danger grave et imminent » a été lancée avec dépôt d’un préavis de grève illimitée à partir du 2 novembre à l’hôpital de Saint-Malo.
- 1. Retrouvez et téléchargez Rouge Émeraude : http://www.anticapitalis…
- 2. France nature environnement Bretagne, AL LARK, Bretagne vivante, Eau et rivières de Bretagne, GEOCA, Viv’Armor Nature.
- 3. L’Équipe, « notre-sport-magnifique-doit-changer », 9 octobre 2022.