Publié le Mercredi 26 février 2025 à 09h00.

Une nouvelle étape dans l’islamophobie d’État

La proposition de loi visant l’interdiction « du port de signes religieux ostentatoires dans les compétitions sportives », validée par le Sénat le 18 février, contresigne une nouvelle étape de renforcement de l’islamophobie d’État. 

L’enjeu pourrait paraître anecdotique, mais c’est un vrai symbole, tant les sports constituent une vitrine internationale. Les Jeux olympiques de 2024 ont mis en évidence l’isolement de la France sur son islamophobie, puisque seules les athlètes françaises étaient contraintes de concourir découvertes. Mener, malgré la condamnation des médias internationaux et de l’ONU, une nouvelle politique d’exclusion, c’est pour la majorité gouvernementale se gargariser de mener sa politique discriminatoire jusqu’à son terme. Or ce terme, c’est l’impossibilité de pratiquer leur culte pour les musulmanEs : en effet, le deuxième article de cette loi, qui entend limiter l’usage des équipements sportifs à des fins religieuses, menace la tenue des prières lors des fêtes musulmanes, qui réunissent plus de croyantEs que ce que les mosquées peuvent accueillir au quotidien. 

Surtout, cette loi est une atteinte nouvelle à la dignité des musulmanEs. En proscrivant « en compétition » le port du hijab, il s’agit de renforcer les dispositions des règlements des clubs sportifs — même « hors compétition » —, et ainsi criminaliser toute volonté de pratiquer un sport, de mener sa vie, sans contrevenir à ses choix religieux, puisque cela serait un geste « radicaliste religieux ». Pourtant, ces accusations islamophobes ont été déboutées par un rapport du ministère de l’Intérieur lui-même, paru en 2022, qui conclut à l’absence de communautarisme et de radicalisation « islamiste » dans le sport ! Il n’y a plus besoin ni de faits ni d’argumentaire fémonationaliste pour l’islamophobie d’État. 

Il faut le dénoncer : ce qu’il s’agit d’interdire, ce n’est pas l’« ostentation » ou l’intégrisme de musulmanEs extrémistes, mais bien toute manifestation de la religiosité musulmane, dans laquelle se reconnaissait près de 10 % de la population en France.