La Cour des comptes est un organisme chargé de vérifier les comptes de l’État, des administrations et de divers organismes. Il s’agit de débusquer les irrégularités. De cette mission, la Cour s’acquitte plus ou moins bien...
Son rapport annuel relève traditionnellement un certain nombre de turpitudes, mais d’autres travaux demeurent secrets. C’est, par exemple, le cas de deux rapports consacrés à des organismes de logement social et relevant diverses irrégularités. Il en est de même pour un rapport consacré à l’affaire Tapie (l’arbitrage scandaleux qui lui a permis de percevoir 400 millions d’euros de l’État).La grande affaire de la Cour, c’est désormais de se mêler de la définition de la politique économique et sociale, en mettant en avant les recettes néo-libérales et austéritaires. Cette évolution s’est faite dans le cadre d’un consensus PS-droite, et c’est Sarkozy qui a nommé l’actuel président, le « socialiste » Didier Migaud. Les rapports de la Cour sur le budget et la Sécurité sociale recèlent désormais des rappels incessants à la nécessité de baisser les dépenses et de ne pas augmenter les impôts. Quant au reste de ses travaux publiés, trop souvent il s’agit de taper sur des bénéfices limités profitant à des « petits ».
Cheminots et chômeurs dans le collimateurLe rapport publié en février s’attaque aux billets gratuits ou à tarif réduit dont bénéficient les cheminots. Comme le fait remarquer le syndicat Sud-rail : « La Cour des comptes "oublie" que ces facilités de circulation sont, depuis la création de la SNCF en 1938, partie intégrante du contrat de travail. Elle "oublie" de dire que les patrons de la SNCF justifient les bas salaires et faibles pensions de nombreux cheminot-es par l’existence de ces facilités de circulation. » et Sud-rail ajoute : « Le Président de la Cour des comptes a été député durant 12 ans, questeur de l’Assemblée nationale durant 5 ans : il n’a jamais protesté contre les facilités de circulation des parlementaires, plus importantes que celles de la majorité des cheminotEs ! »
Autre attaque, les fraudes aux allocations de Pôle emploi qui seraient de 73 millions d’euros au total. La Cour demande de renforcer les contrôles et les pouvoirs de sanction de Pôle emploi. Rappelons tout de même que, pour la seule année 2012, ce sont 32 milliards d’euros qui ont été versés au titre des allocations chômage. Et que 73 millions d’euros, c’est aussi une goutte d’eau par rapport aux différentes formes d’évasion et de fraude fiscale qui représenteraient de 60 à 80 milliards d’euros par an selon Solidaires Finances publiques...
Henri Wilno