Jeudi 22 janvier, Mario Draghi, le président de la banque centrale européenne (BCE) a annoncé des mesures qui lui ont valu une approbation quasi générale des gouvernements (avec quelques grognements du côté allemand) et des forces politiques (y compris dans les rangs du Front de gauche) : un programme d’achat de titres publics et privés de plus de mille cent milliards d’euros, soit 60 milliards d’euros par mois. Il s’agit de donner un ballon d’oxygène aux banques et aux entreprises européennes, d’abord en faisant baisser le cours de l’euro par rapport au dollar, puis en espérant que les banques et autres organismes financiers apportent des capitaux aux entreprises et qu’ainsi les investissements et la croissance reprennent... Si la baisse de l’euro peut favoriser les exportations européennes, on peut douter des autres effets, hormis un gonflement supplémentaire de la bulle financière. De plus, Draghi a renouvelé un appel aux « réformes structurelles », comme la loi Macron en France ou le Jobs Act en Italie. En fait, les décisions de la BCE (comme le plan d’investissements de Juncker, le président de la Commission) sont des « emplâtres sur une jambe de bois » : rien ne change au paradis des banquiers et grandes entreprises qui utilisent leur trésorerie pour spéculer. À noter une mesquinerie significative : la dette grecque est hors programme... sauf si les accords avec le FMI sont respectés ! Avant même l’arrivée au pouvoir de Syriza, il s’agissait donc de mettre la pression sur les Grecs.Avec la crise, les instances et les gouvernements de l’Union européenne – pas seulement l’Allemagne – ont transformé cette Union en machine de guerre au service de la compétitivité du capitalisme européen dans un monde régi par la libre circulation des capitaux. Pour cela, ils doivent casser les acquis sociaux, et mettre en place un fédéralisme autoritaire poussé à l’extrême dans les pays soumis aux programmes d’« aide », pays dépossédés de leur pouvoir de décision dévolu à la troïka (FMI, Commission européenne, BCE). Il est vain d’attendre un vrai tournant de la logique de l’Europe capitaliste. En Grèce, comme partout ailleurs en Europe, la victoire de Syriza doit être le signal d’une mobilisation générale contre l’austérité, la seule garantie que « ceux d’en bas » obtiennent réellement quelque chose. Henri Wilno
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