L’OCDE, organisme d’études économiques au service des États les plus développés, estime dans un rapport sur la France que le PIB ne progresserait que de 0,1 % cette année, puis de seulement 1,3 % en 2014. Du coup le chômage se « stabiliserait » (durablement) à 11,2 % à partir de la fin de 2013.Face à ces flambants résultats de plusieurs années de politique d’austérité, on pourrait s’attendre à ce que ces « experts » se grattent un peu la tête et s’interrogent sur la pertinence de continuer… Mais non. « L’assainissement des finances publiques demeure une priorité » et il faut « mettre en œuvre une stratégie ambitieuse de réformes ».Il faudrait donc continuer à réduire les dépenses publiques, d’abord par une vaste réforme des retraites « dont la trajectoire prévue du déficit du système nécessite de prendre rapidement des décisions difficiles » : remplacer le système actuel par un régime par points, mettre fin aux régimes spéciaux de retraite, supprimer le taux réduit de CSG des retraités. Les soins hospitaliers devraient être « rationalisés », seuls les médicaments génériques seraient remboursés. Les indemnités de chômage de longue durée devraient être remplacées par le RSA, la dégressivité des allocations chômage restaurée.Même le Smic-jeune est de retour. Sans prononcer le mot, l’OCDE estime que « le niveau de salaire minimum tend à exclure les jeunes peu qualifiés de l’emploi », car « les jeunes adultes se trouvent en concurrence avec des salariés expérimentés sans avantage de coûts. » Bref, pour ces « économistes », les chômeurs le restent parce que leurs indemnités sont trop confortables, et les jeunes privés d’emploi parce qu’ils sont trop payés.La régression doit continuerTrès logiquement, l’ANI plaît donc beaucoup à l’OCDE, qui fait mine de croire que les patrons embaucheront d’autant plus qu’ils pourront licencier plus facilement. Cet accord d’explosion du code du travail, ainsi que le « pacte de compétitivité », sont salués comme « des signaux encourageants » de la part du gouvernement français, invité cependant à ne pas s’endormir. « Le calendrier politique offre une occasion unique de mettre en œuvre une stratégie ambitieuse de réformes ».Réformes impopulaires, certes, mais comme il n’y pas d’élections générales avant longtemps… Le capital dicte ainsi ses exigences et fait manifestement confiance aux socialistes pour s’exécuter.Yann Cezard
Crédit Photo
DR