Publié le Jeudi 17 avril 2025 à 11h00.

Trump persiste sur l’automobile

Après la pause ou le revirement annoncé par Trump, l’automobile demeure la seule industrie dont les taxes à l’importation aux États-Unis en provenance de tous les autres pays du monde passent de 2 % à 25 %.

La mesure est entrée en vigueur le 3 avril pour les voitures automobiles, et le sera d’ici au 3 mai pour les principales pièces automobiles.

La moitié des 16 millions d’automobiles vendues aux États-Unis est importée, ce chiffre s’élevant à 60 % pour les pièces. Mexique et Canada sont les premiers touchés car les firmes nord-­américaines ont intégré à leur espace de production ces deux pays limitrophes. C’est sur un autre continent ce qui se passe avec Renault en Roumanie, en Turquie et au Maroc. Le déficit commercial des États-Unis pour ce secteur s’explique largement par cette politique dont les firmes nord-américaines sont les seules responsables. 

Premières conséquences : des arrêts de production

Dès les premiers jours qui ont suivi les annonces de Trump, les firmes automobiles ont réagi. Stellantis, propriétaire de Chrysler, a annoncé l’arrêt temporaire de la production dans l’usine de Windsor dans l’Ontario au Canada. Une autre de ses usines a été mise à l’arrêt à Toluca au Mexique. Toyota a suspendu les heures supplémentaires dans une usine au Mexique. 

Ces mesures annoncées pour les États-Unis ont des conséquences pour toute l’industrie automobile mondialisée. L’Europe occidentale connaît déjà un excédent de capacité de production comme en témoignent les fermetures d’usines annoncées en Allemagne par Volkswagen, la sous-utilisation des usines Fiat en Italie et la casse des équipementiers en France. Les voitures vendues ou produites en moins dans un pays ne sont pas compensées ailleurs, et cela dans un contexte où la production mondiale de voitures a juste rattrapé son niveau d’avant-covid.

Cette pénurie de débouchés est due aux limites qui pèsent sur l’usage de l’automobile, parce que c’est l’un des principaux facteurs du dérèglement climatique. Elle exacerbe la concurrence entre firmes et pays-continents. C’est pourquoi l’emploi ne peut pas être sauvé par les mesures de Trump laissant intact le pouvoir de nuisance des firmes actuellement dominantes. Ses promesses de réindustrialisation sont à moyen terme du vent.

Les travailleurEs n’ont rien à gagner avec le protectionnisme 

Pourtant, Shawn Fein, le président de l’UAW, le syndicat américain qui avait organisé la grande grève de l’automobile en octobre 2023 a sur le site du syndicat « félicité l’administration Trump d’avoir pris ces mesures. Ces droits de douane sont un grand pas dans la bonne direction pour les travailleurEs de l’automobile et la population ouvrière à travers le pays ». Ce soutien aux mesures de Trump doit valoir alerte ici. Il nous faut, face aux risques de concurrence exacerbée qui viennent, mettre au premier plan une solidarité ouvrière effective.

Trump fait manifestement une « fixation » sur l’industrie automobile. C’est autant dû à la part de cette industrie dans le déficit comptable du commerce extérieur des États-Unis qu’au rôle politique que joue encore cette industrie pourtant déclinante. Raison supplémentaire pour combattre ici et partout les choix de Trump. 

Jean-Claude Vessilier