C'est une grève, comme on n'en avait pas connu depuis de très longues années, qui se déroule aujourd'hui dans les Industries électriques et gazières (IEG), pour l'augmentation des salaires, contre l'externalisation des activités et pour un plan d'embauche massif.
Nous n'en connaissons pas l'issue, au moment où nous écrivons ces lignes, mais elle est significative d'une entrée dans une autre ère de l'histoire du mouvement social au sein des IEG.
Elle signifie tout d'abord que le poids de la défaite de la privatisation d'EDF et de GDF est dépassé, pour des secteurs importants de nos entreprises, en particulier les jeunes salariés. Et, élément totalement nouveau, que des mouvements profonds peuvent échapper au contrôle des principales fédérations syndicales.
Des salaires en baisse, des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader, une perte de sens au travail avec la fin du service public remplacé par la course au profit, l'externalisation de secteurs d'activité toujours plus importants faisant disparaître de nombreux métiers. Ajoutez à cela un management de plus en plus autoritaire, et vous avez une photographie précise de ce que vivent les salariés d'EDF et GDF-Suez aujourd'hui.
Parti d'un site particulièrement combatif de stockages souterrains de gaz avec une présence égale de militants CGT et SUD sur la base de revendications salariales, cette grève reconductible s'est étendue comme une traînée de poudre après l'annonce du montant des stock-options pour Mestrallet et Cirelli, les patrons de GDF-Suez. Les terminaux méthaniers, puis le transport de gaz sont tout de suite rentrés dans cette grève reconductible.
Les patrons de GDF-Suez ont rapidement accordé 5% d'augmentation salariale et 1500 euros de prime exceptionnelle pour tous, et renoncé à leurs stock-options. Cette victoire a donné des ailes à tous ceux qui n'en pouvaient plus des sempiternelles grèves de 24 heures imposées par les principales fédérations. La grève a ainsi démarré quasi conjointement dans la région Paca, avec des structures CGT combatives, et dans la région parisienne, à l'initiative de SUD-Energie dans la distribution gaz et électricité. Dépassant les fédérations et leurs hésitations, certaines équipes syndicales SUD et CGT ont déployé un immense travail d'information et de conviction pour faire rentrer leurs collègues dans le mouvement. Celui-ci a été payant.
Après avoir joué le pourrissement et l'isolement, les directions des IEG ont bien été obligées de constater l'extension du mouvement de grève. Elles se sont donc assises à la table des négociations. Les premières propositions, si elles sont loin d'être convaincantes, n'en montrent pas moins la possibilité de gagner des choses importantes.
Pour contraindre les directions à céder, il reste des munitions essentielles pour les salariés. Là où les directions veulent diviser en organisant des négociations établissement par établissement, il est urgent que les secteurs influents comme la production (nucléaire, thermique, hydraulique) et le transport d'électricité (RTE) entrent dans la grève reconductible. Encore une fois, les équipes syndicales les plus combatives s'y emploient.
Leur tâche serait grandement facilitée si les fédérations syndicales, en particulier la CGT, lançaient un appel clair en ce sens.
Le 14 avril.