Publié le Mercredi 28 septembre 2011 à 21h44.

Éducation nationale : mobilisation réussie

D’un certain point de vue, la rentrée sociale tant attendue a enfin eu lieu ce mardi 27 septembre, avec la grève réussie dans l’Éducation nationale.

Une grève massive, avec entre 45 et 50 % de grévistes dans les premier et second degrés, des cortèges syndicaux importants. Les personnels de l’Éducation nationale se sont mobilisés, soutenus par les parents d’élèves, portés par une opinion publique désormais consciente de l’enjeu décisif que constitue la question des suppressions de postes.

On pourrait s’étonner qu’elle ne soit au centre des préoccupations qu’en cette rentrée 2011, alors que le mouvement est entamé depuis plusieurs années. Sans doute parce que les conséquences de ce plan social massif touchent désormais bien au-delà des banlieues défavorisées des grandes villes et concernent les enfants des classes moyennes.

Mais les suppressions de postes ne sont pas la seule question posée. Derrière cette froide réalité comptable, le gouvernement a engagé une bataille sans merci pour en finir avec l’objectif d’un système éducatif doté des moyens de faire accéder l’ensemble des enfants et des jeunes à un haut niveau de connaissance et de qualification.

S’il n’y a jamais eu d’âge d’or, d’ascenseur social magique et autres calembredaines, le rapport de forces se dégrade indéniablement. On le sait, cela fait quelques années que le patronat français a décidé de ne plus consentir à l’investissement qu’il considérait jusque-là dans son intérêt. Et les coups se sont aggravés dernièrement : individualisation des parcours, mise en place de dispositifs qui minent l’idée même du groupe classe et de l’apprentissage collectif, évaluation à outrance, suppressions de postes, polyvalence généralisée pour les enseignants, destruction de la formation initiale, désinvestissement de l’enseignement professionnel, multiplication des statuts, explosion de la précarité, dégradation du pouvoir d’achat… Le dispositif Claire, destiné à remplacer les anciennes ZEP, en est la concrétisation la plus aboutie. C’est donc aussi une bataille sur le terrain des questions éducatives, du projet pour l’école qui est nécessaire aujourd’hui, une bataille qui n’appartient pas aux seulEs enseignantEs.

On sent une hésitation à droite : faut-il foncer, ressouder sa base sociale contre les profs, comme le laisse entendre un Luc Chatel déclarant que le statut des enseignants doit être revu ou que les vacances scolaires seront prochainement amputées de deux semaines ? Faut-il pousser l’avantage après des mobilisations qui ne furent pas à la hauteur dans l’Éducation nationale durant le mouvement des retraites en 2010 ? Ou le coût social et donc électoral est-il trop élevé ? Candidats à l’alternance, les socialistes hésitent également, avancent d’un pas, prennent la mesure du mouvement d’opinion et reculent, mais ne mettent pas en cause la logique économique et idéologique à l’œuvre. Et un Jack Lang déclare un jour de grève que les enseignants doivent être « bousculés »… Tout un programme !

Les années électorales sont rarement les plus propices à des mobilisations prolongées. Les assemblées générales de ce matin du 27 septembre ont été relativement réduites, n’indiquant pas pour l’heure une volonté d’aller au-delà d’une journée de mobilisation réussie.

L’aggravation de la crise ouvre pourtant la possibilité de résistances aux plans d’austérité. De ce point de vue, la journée du 11 octobre pourrait constituer un jalon important, si elle était préparée avec la combativité nécessaire.

Ingrid Hayes