Publié le Mercredi 14 octobre 2015 à 21h48.

Air France : combattre la répression et le “dialogue social”

Comment réussir à donner quelque crédit au soi disant “dialogue social” à Air France, telle est la question que se posent le gouvernement et la direction de l'entreprise. L'évolution judiciaire du dossier au travers des poursuites engagées contre les cinq salariés et des menaces d'inculpation et/ou de sanctions qui pèsent sur une vingtaine d'autres sont un des éléments essentiels de la suite de l'affrontement.

D'un coté, Valls appelait mardi à faire preuve de « la plus grande fermeté » à l’égard des “fauteurs de troubles”, estimant qu’il « ne peut y avoir d’excuse à la violence en lui opposant la violence sociale. Ces images ont porté préjudice à l’image de notre pays, il faut l’avoir en tête ».

De l'autre, d'après Le Monde, les vêtements « ont pu être arrachés aussi bien par des manifestants que par les vigiles qui tentaient d’exfiltrer les deux hommes », « les faits visés par la procédure, qui ont entraîné de simples contusions, ne viennent pas confirmer l’impression de « lynchage » que les médias ont tenté d'imposer. »

Mais les décisions, nécessairement, vont prendre en compte l'écho de la fuite des cadres sans chemise d'Air France. La majorité des salariés, généralement avec le sourire, se refuse à toute condamnation des salariés. Et même certains se saisissent de l'occasion pour marquer d'une pointe d'insolence leurs critiques de la politique gouvernementale. C'est ainsi que ce mardi à Saint Nazaire, deux représentants de la CGT qui ont refusé de serrer la main d'Hollande lui reprochant de ne pas dénoncer la “violence patronale” à Air France : “Aujourd'hui, 40 licenciements sont aussi en cours à STX Lorient, et vous y prenez part, quelque part, à travers la participation de l'Etat dans l'entreprise”. Mercredi, près de 400 personnes se sont mobilisées à l'aéroport de Bastia pour dénoncer les suppressions de postes annoncées par la direction d'Air France.

Enfin, la Direction confédérale CGT annonce ce mercredi soir son refus de participer à la conférence sociale du 19 octobre. 

Dans ce contexte le maintien du cadre de l'intersyndicale à Air France peut permettre à la fois de faire reculer le gouvernement en matière de répression et d'amplifier la mobilisation contre les plans A, B ou C de la Direction.

Le rassemblement du 22 octobre devant l'Assemblée nationale doit être l'occasion pour faire se rencontrer les mobilisations. De même, le rassemblement à Annecy vendredi 16 en soutien à l'inspectrice du travail sanctionnée par sa hiérarchie sous la pression du patronat local peut commencer à permettre de fédérer les résistances à la répression et à la criminalisation des celles et ceux qui refusent les politiques patronale et gouvernementale.