ArcelorMittal vient d’annoncer le licenciement de plus de 600 salariéEs. En janvier dernier, le patron du groupe indiquait que l’ensemble des sites européens risquaient de fermer laissant présager une mise à mort de la filière.
Dunkerque, Basse-Indre, Florange, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire : ArcelorMittal licencie à la chaîne. Des suppressions d’emplois qui font suite à la fermeture de Denain et de Reims en novembre dernier et aux licenciements à Valence et Strasbourg en décembre, portant à près de 800 le nombre de suppression d’emplois en 6 mois.
Une destruction programmée de la sidérurgie
Les prétextes avancés sont toujours les mêmes : ralentissement de l’activité, coût de l’énergie, baisse de débouchés... Mais malgré ses promesses, ArcelorMittal n’a jamais eu l’objectif d’engager des dividendes pour investir et a laissé délibérément vieillir les appareils de production en continuant de pressurer les travailleurEs. Son désengagement du projet de décarbonation du site de Dunkerque se situe dans cette logique. Ces patrons n’hésitent pas à virer les travailleurEs, sur le dos desquels ils ont cumulé les profits depuis des années, au gré de la conjoncture économique. Dans ce contexte de course accrue à la rentabilité, c’est l’ensemble de la filière qui pourrait être démantelée.
SalariéEs broyéEs, entreprise gavée !
Pour mettre en œuvre ce carnage social, ArcelorMittal a bénéficié de près de 300 millions d’aides publiques en 2023. Le décarbonnage de Dunkerque prévoyait une aide de l’État de 850 millions ! En 2024, l’entreprise a réalisé plus de 1,3 milliard de dollars de bénéfices et a distribué 1,7 milliard de dollars à ses actionnaires. Son PDG est l’un des mieux payés du CAC 40, avec un salaire qui a dépassé les 10 millions d’euros en 2021 ! Ces grands défenseurs du libéralisme qui dénoncent l’intervention de l’État dans l’économie s’en accommodent finalement bien. Le patron du Medef a récemment déclaré que les « aides publiques sont de légitimes compensations compte tenu de tracas administratifs et du coût du travail ». C’est clair, les aides publiques ne servent pas à créer ou à maintenir l’emploi !
Engager la bataille contre les licenciements
Il faut une convergence entre les différents sites pour bloquer les projets patronaux de destructions des emplois. Les travailleusEs de la sidérurgie n’ont rien à attendre non plus du gouvernement. En 2012, le refus de Sarkozy de nationaliser même partiellement le site de Florange indiquait que l’État n’était pas prêt à concéder la sacro-sainte propriété privée. Nationalisation ou pas, il faut en premier lieu imposer le maintien de tous les emplois. Le 1er Mai sera l’occasion de mettre en lumière cette bataille et plus largement une solidarité de l’ensemble du monde du travail dans une séquence marquée par des licenciements massifs dans l’industrie. Mais pour pérenniser la filière et éviter une intervention des pouvoirs publics sans lendemain, il faudrait réquisitionner les sites, exproprier les actionnaires et imposer la socialisation de l’entreprise sous contrôle démocratique des salariéEs et des populations.
Sandra Cormier