L’exigence de la nationalisation monte de partout. Elle apparaît comme une évidence sauf pour Macron et les actionnaires de l’entreprise qui non seulement maintiennent leur plan de casse de 636 emplois mais exigent de nouveaux cadeaux notamment d’EDF.
Les choses sont, on ne peut plus, claires : ArcelorMittal-France, par la voix de son PDG, indique ses exigences précises vis-à-vis de l’UE, du gouvernement français et d’EDF « afin de bénéficier de tarifs rétablissant une concurrence équitable » (au niveau mondial) permettant un maintien de productions à Dunkerque. Profits avant tout, cynisme en prime : « Ce sujet est totalement distinct du plan de suppressions de postes destiné à rétablir la compétitivité à Dunkerque », plan qui ne peut donc être remis en cause. C’est rapporté par les Échos, le quotidien des actionnaires… Ce chantage s’appelle lutte des classes.
Bataille sociale, politique...
Les manifs du 1er Mai, les initiatives du 6 mai à Dunkerque et le 13 mai devant le siège national à Saint-Denis, l’interpellation par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, lors de l’émission télé de Macron, sont bien les premiers jalons d’une bataille qui s’annonce rude pour la socialisation/nationalisation d’ArcelorMittal.
Si LFI, le PCF, Les Écologistes se placent explicitement sur cette ligne, même le PS, si discrédité sur ce terrain par les années Hollande, en vient à parler de « continuité forcée de l’activité et d’interdiction des licenciements » comme en Grande-Bretagne ! Le RN ne reste pas inactif et entend surfer sur cette grande colère : c’est un député RN de Moselle qui est rapporteur de la commission parlementaire sur la « réindustrialisation ». Et la nationalisation pour le RN ? « Au bout du bout du bout du bout, on peut y réfléchir. » Après les restructurations capitalistes, les trahisons du social-libéralisme, il y a urgence absolue à barrer la route à l’imposture fasciste.
...nécessairement écologique aussi !
Si la « décarbonation » de la production d’acier est impérative, la généralisation des fours électriques pose le problème spécifiquement français de l’électricité atomique et de son impasse. Cela doit être débattu ! Et c’est aussi le moment de débattre de la filière auto (principale demandeuse d’acier avec la construction), de regarder en face l’autre impasse, celle de la voiture électrique, de construire dès maintenant collectivement l’alternative des transports collectifs gratuits.
Un immense chantier s’ouvre, une révolution...
Il s’agira bien de produire ici tout l’acier dont nous avons besoin, d’en réduire les quantités au plus strict nécessaire. La mise hors jeu des actionnaires est bien le passage obligé dans cette perspective. Le critère du profit n’a plus sa place ici. Et s’impose l’idée de l’incontournable interdiction des licenciements / continuité à 100 % des salaires (sans dégressivité) et des collectifs de travail. L’idée de la réduction massive du temps de travail aussi. En se donnant cette visée écosocialiste, le NPA-l’Anticapitaliste peut faire la preuve de son utilité.
Fernand Beckrich