Arrivé depuis plusieurs mois aux commandes de Renault, Luca de Meo n’en finit pas de se gargariser de sa « Renaulution » dans les médias. Un terme ronflant qui cache une restructuration de grande ampleur avec des milliers de suppressions d’emplois et des fermetures de site en France et dans le monde.
Dans ce grand dessein, le rôle de la France n’est plus de produire des bagnoles sur place – les salariéEs n’y seraient pas assez compétitifs – mais « de produire de l’innovation, de la tech et de la valeur ajoutée ». Ce qui n’empêche pas la direction de Renault de procéder parallèlement à la saignée des effectifs dans les secteurs de l’ingénierie/tertiaire. Alors que le site de Guyancourt, la prétendue « forteresse » du savoir-faire Renault est en passe être vendu, pas moins de 1900 salariéEs sont aussi priés de quitter l’entreprise dans les semaines à venir en vertu d’une rupture de convention collective. La formule fait si peu recette que Renault a décidé d’accélérer le mouvement en supprimant massivement des postes pour pousser leur détenteur à partir ou en commençant à externaliser. Ces attaques ont suscité la colère des salariéEs qui ont été nombreux à débrayer à Lardy, Aubevoye et Guyancourt au cours des dernières semaines.
Chute des effectifs aux fonderies
Évidemment, ils ne sont pas les seuls visés par ces sales coups. Pendant que de Meo plastronne dans le JDD en expliquant benoîtement qu’il va falloir « serrer les dents pendant encore quelques mois », ce sont aussi les salariéEs des équipementiers et des sous-traitants qui subissent la baisse constante des effectifs et les fermetures de sites. Ainsi dans le secteur des fonderies, qui dépendent exclusivement de deux donneurs d’ordres, Renault et PSA, ce sont pas moins de 40% des emplois qui sont menacés – soit au bas mot 5 000 postes – d’ici à 2030. Une saignée continue qui dévaste des régions entière. Ainsi des Fonderies du Poitou où les deux unités installées à Ingrandes viennent d’être déclarées en cessation de paiement, menaçant de chômage plusieurs centaines de salariéEs.
Une riposte collective à construire
Pourtant les réactions ne manquent pas. Dans le bassin de Decazeville, les salariéEs de SAM ont relancé leur mobilisation depuis le 14 avril et entrepris de bloquer le site à l’aide de containers remplis de pièces destinées à être livrées à Renault ! Depuis des mois, les ouvriers se voient baladés par Renault et le gouvernement en vue d’une hypothétique « reprise », chaque nouveau round de négociations balayant les quelques promesses concédées par Renault en terme de commandes et de maintien de l’emploi. À Saint-Claude dans le Jura, ce sont les fonderies MBF qui sont menacées de fermeture avec le « désengagement » des deux clients quasi-exclusif, PSA et Renault, qui n’honorent pas leurs commandes.
Mais en dépit des grèves massives, souvent très soutenues par la population environnante qui dépendent de ces bassins d’emplois, la plupart des points de résistance restent encore isolés les uns des autres, et les initiatives communes, comme celle du 8 avril dernier où se sont retrouvés les fondeurs de Saint-Claude et les salariéEs des centres techniques Renault, sont encore rares. Il y a pourtant urgence à une riposte d’ensemble, la seule solution pour imposer une sauvegarde des emplois et des activités.