Publié le Dimanche 21 décembre 2025 à 10h22.

Automobile : en Europe, fini le tout électrique en 2035

La décision de la Commission européenne de revenir sur l’interdiction des voitures thermiques neuves en 2035 marque un recul majeur, dicté par les intérêts industriels bien plus que par l’urgence climatique.

La Commission européenne vient de remettre en cause la décision de n’autoriser, à partir de 2035, que la vente de voitures neuves zéro émission en circulation, c’est-à-dire d’interdire en Europe la vente de voitures neuves à moteur essence ou diesel.

Un bon chemin pour ceux qui polluent

Selon la proposition de la Commission, les constructeurs devraient respecter une réduction de 90 % des émissions par rapport à 2021. Ce chiffre n’a guère de sens : alors que le 100 % zéro émission en circulation vient d’être remis en cause, il est plus que probable que, dans les dix prochaines années, ce seuil de 90 % variera en fonction des rapports de force industriels et politiques. Le chancelier allemand a d’ailleurs déclaré que cette décision s’inscrivait dans « un bon chemin », c’est-à-dire qu’elle ne devait pas s’arrêter là.

D’ores et déjà, ce seuil de 90 % ouvre la porte à tous les marchandages. Comme le remarque le syndicat CGT Lardy, on ne sait pas si cela s’applique aux émissions réellement constatées en circulation ou à celles mesurées en laboratoire. Encore plus flou, les constructeurs pourraient recevoir des crédits compensant les émissions des voitures en circulation en cas d’utilisation, pour leur fabrication, d’acier bas carbone.

Firmes et gouvernements se sont trompés dans leurs prévisions

On nous avait vendu la voiture électrique comme une solution écologique. Tout cela est aujourd’hui oublié au profit des seuls intérêts des firmes industrielles et des États qui les soutiennent. Renault a abandonné en France toute la production de voitures particulières à moteur essence ou diesel et la plupart des usines françaises de Stellantis ont été préparées à une flexibilité maximale vers l’électrique. C’est pourquoi le gouvernement français défendait le maintien de la date de 2035 comme passage obligatoire au tout électrique, à l’inverse des firmes allemandes, championnes incontestées des moteurs essence ou diesel.

Pendant ce temps, les firmes chinoises continuent d’accroître leur domination technologique dans le domaine des voitures électriques. Dans cette concurrence mondialisée, rien à voir avec l’écologie.

Firmes et gouvernements européens ont cru pouvoir réaliser, ces cinq dernières années, des profits d’une ampleur inégalée tout en assurant le passage à la voiture électrique. Mais avec des prix de vente en très forte augmentation, les ventes de voitures ont baissé. Panique à bord des directions patronales : d’où les remises en cause d’aujourd’hui.

Ne pas payer les conséquences de leurs errements

Celles et ceux qui font les frais de ces errements, ce sont les salariéEs de l’automobile, qui supportent les conséquences des restructurations en cours, un pas en avant, deux pas en arrière.

Une mobilité respectueuse de l’environnement et du climat est possible à la condition de sortir des contraintes du profit. Une voiture individuelle, quelle que soit sa motorisation, restera toujours, davantage que d’autres moyens de transport, une cause majeure de dégâts pour la planète et de souffrances pour celles et ceux qui produisent, comme en témoignent les conditions de travail des ouvrierEs qui extraient le cobalt dans les mines marocaines.

C’est pourquoi il est impératif de promouvoir des transports collectifs alternatifs, qui gaspillent moins d’énergie et de matériaux et répondent réellement aux besoins de la population en matière de mobilité. À rebours des errements des gouvernements et des firmes automobiles : oui aux transports publics gratuits !

 Jean-Claude Vessillier