Publié le Vendredi 10 avril 2015 à 19h18.

Bâtiment : 14 salariés espagnols non payés depuis trois mois

Les salariés n'ont pas été payés depuis le 1er janvier, soit trois mois et demi... Ils ont été recrutés pour la fin des travaux du Grand Stade à Bordeaux. Officiellement ils travaillent pour la société Wit et Ki, sous-traitante du Groupe Fayat (maitre d’œuvre du chantier). Des intermédiaires espagnols assurent la “traite” de ces salariés pour Bordeaux mais aussi les chantiers d'un stade à Paris, d'un hôpital à Lille. La société Wit et Ki change de nom d'une ville à l'autre. Une histoire incroyable mais qui existe certainement sur tous les gros chantiers actuels. Ces ouvriers viennent tous de la banlieue de Madrid. Ils n'ont pas de contrat écrit, ils sont logés dans un hôtel miteux à Bègles. Rapidement, quand ils ont demandé leur paye, ils ont eu la menace d'être virés et renvoyés chez eux s'ils protestaient, s'ils se lançaient dans une grève ou un mouvement social. Ils n'ont pas d'argent à envoyer à leur famille en Espagne et les conséquences ne se font pas attendre : chez eux, ils ont des coupures de gaz, d'électricité, des menaces sur leur logement. Un ouvrier, suite un accident du travail (qui n'en est pas un officiellement), a été amené par le chef à l'hôpital mais a dû se débrouiller pour payer. Pas de déclaration, ni papier. Nous étions une 40aine au rassemblement organisé par l'Union départementale CGT.

Des camarades CGT parlent couramment l'espagnol, ce qui a permis de communiquer avec les salariés. Les prud'hommes sont saisis en référé par l'UD33. Le soutien s'organise. Des ouvriers ont pris la parole pour raconter leurs histoires, ils sont touchés par la solidarité qui s'exprime, nous aussi. Une déclaration fraternelle des CCOO a été lue.

Il y a un silence incroyable des pouvoirs publics, de la Région dirigée par le PS, de la Métropole dirigée par l'UMP et Juppé, qui ont particulièrement bien aidé à financer ce nouveau stade qui rentre dans la liste des “projets” nuisibles.

Philippe Poutou