Les postiers du 92 mènent une grève depuis plus de 130 jours. Leurs revendications ont été presque toutes obtenues. Mais en même temps, la direction de La Poste s’acharne contre les grévistes, les principaux dirigeants et les syndicalistes qui les soutiennent...
Face à la détermination des grévistes, la direction est capable de reculer, au moins un peu, au moins pendant quelque temps. Mais ce qu’elle veut en échange, c’est le licenciement des syndicalistes combatifs pour avoir les mains libres pour continuer les réorganisations et les suppressions d’emplois qui vont avec. Mais le 92 n’est plus le seul problème pour la direction... Dans l’Isère, dans le Loiret, à Ajaccio, dans le 91, et surtout à Paris 15e, les grèves commencent à préoccuper la direction. La stratégie de celle-ci ne change pourtant pas : elle veut bien négocier (le moins possible) de la main gauche, pour réprimer (le plus possible) de la droite.
Dans les régions...À Villard-Bonnot (Isère), où les facteurs sont en grève depuis le 15 mai contre la suppression de 6 tournées, La Poste casse les grèves avec l’aide des tribunaux : la direction est allée jusqu’à assigner en justice seize postiers et trois représentants syndicaux CGT et SUD devant le tribunal de grande instance et réclame 95 000 euros de dommages ! À Fleury (45), les facteurs se sont mis en grève contre une restructuration et la délocalisation du bureau. Là encore, les grévistes sont assignés au tribunal ! Drôle de justice, car on attend toujours que les dirigeants de La Poste qui avaient été pointés du doigt par l’inspection du travail pour leur responsabilité dans des suicides de postiers soient interrogés par la police ou la justice... La Poste a annoncé aux facteurs d’Épinay-sur-Orge (91) qu’elle comptait supprimer tout cadre de travail collectif pour les facteurs : le matin, on leur livrerait à leur domicile une botte de courrier qu’ils n’auraient plus qu’à distribuer. Et en prime, La Poste instaurerait des horaires de bureaux, avec pause « méridienne ». Les facteurs de la ville se sont massivement mis en grève et leur mouvement est en passe de s’étendre à d’autres bureaux sur le département. Contre les réorganisations et les suppressions d’emplois, le centre de tri du Vitulo, dont dépend Ajaccio, est en grève à plus de 40 % depuis le 20 mai, et le bureau d’Ajaccio-ville l’est à 80 %. La Poste a beau raconter que « les lettres partent tout à fait normalement, partout en Corse, sur le continent ou à l’étranger », les faits sont là : deux tiers des tournées ne sont plus assurées !
Et même au cœur de la capitale !Mais la plus grande crainte de La Poste peut se transformer en réalité : la grève s’installe sur Paris. C’est le Centre de distribution du 15e qui est en grève depuis le 21 mai contre la suppression de 12 jours de repos et de 23 emplois (sur 200). C’est leur troisième grève reconductible depuis 2010 alors que pendant longtemps, Paris 15 avait été considéré comme un bureau qui « ne bougeait pas ». Tous les jours, les facteurs se retrouvent sur le piquet de grève et ils ne se contentent pas de rester statiques : AG commune avec les grévistes du 92, rassemblements devant le siège social, prise de parole dans d’autres centres parisiens. Et un préavis illimité a été déposé par SUD et la CGT pour l’ensemble des bureaux parisiens à partir du mardi 10 juin. C’est donc le moment de continuer, de se rassembler, de se coordonner. Il faut lutter contre la politique de la direction qui vise à nous faire travailler plus, dans des pires conditions, pour un salaire moindre, pour ainsi obtenir de plus gros bénéfices dans une entreprise qui est censée assurer un service public... Et pour cela, la direction de La Poste n’a plus de limites : elle réprime tous les travailleurs qui osent résister. Mais les postierEs mobilisés ont bien fait la preuve ces derniers temps qu’ils ne se laisseront pas faire !
Martin N.