Postier, Yann Le Merrer est le premier fonctionnaire révoqué depuis plus de 60 ans pour des motifs militants. À l’occasion du rassemblement de soutien qui a eu lieu mardi 20 janvier, nous lui avons posé quelques questions concernant sa révocation et la mobilisation contre celle-ci.
Pour quelles raisons as-tu été révoqué ?
J’ai été révoqué pour des raisons strictement syndicales et militantes. Les griefs qui me sont faits sont consécutifs à une grève : prises de parole non autorisées, « intrusion » dans les établissements (entendez visites des grévistes aux non-grévistes), non-signature du registre des visiteurs et non-prévenance des chefs d’établissement lors des visites. En clair, la poste attaque le syndicalisme de terrain et ceux qui défendent la convergence des luttes.
Est-ce la vraie raison ou te reprochent-ils autre chose dans le cadre de la grève de 173 jours des postierEs du 92 ?
C’est la vraie raison et c’est la seule vraie raison. Contrairement à leurs habitudes, nos patrons ne se sont pas posés en victimes et ne m’ont pas accusé de violence ou d’insultes, ils ont été droit au cœur de notre pratique militante et syndicale. C’est hautement symbolique.
La grève des postiers du 92 a été remarquable du point de vue de la mobilisation et de l’activité. À chaque mouvement de grève (Épinay-sur-Orge, Ajaccio, Aubigny, etc.) des contacts ont été noué et des convergences ont eu lieu avec les intermittentEs et précaires. C’est inacceptable pour La Poste et sans doute pour le seul actionnaire, l’État.
Donc les prises de parole, ça fait vraiment peur à la direction de La Poste ?
C’est ça qui les gênent en premier lieu, le fait que des syndicalistes ou des grévistes prennent la parole sur le lieu de travail. Fondamentalement la parole est un enjeu de pouvoir, la direction de La Poste veut la garder pour elle seule.
Combien d’autres syndicalistes ont été licenciés ou sanctionnés à La Poste ?
Pendant et après la grève du début 2014, 12 grévistes et/ou syndicalistes ont été sanctionnés, et 4 ont été licenciés. Sur ces 4 licenciements, 3 ont été refusés par l’inspection du travail et un a été annulé par les prud’hommes. Je ne suis évidemment pas le seul, loin de là. La répression s’abat systématiquement sur les militantEs « lutte de classes » depuis des années. Et aujourd’hui, Mohamed, Gaël, Stéphanie, Diego et Brahim sont encore sanctionnés ou en cours de procédure.
Et d’après toi, est-il possible d’obtenir ta réintégration ?
D’après moi c’est possible, et d’après nos avocats aussi ! Mais la question ne se réglera pas seulement sur le plan juridique, il faut une campagne large contre la répression. On peut même dire que l’idéal serait une riposte générale du monde du travail, seule solution pour mettre un terme à l’agressivité patronale.
Propos recueillis par des correspondantEs